30/09/2021
Les envies paléolithiques
(Crédit photo Claudiu N. -L'Atlantique, Caroline du Sud)
« Nous avons une meute d’oligarques en politique dont le seul idéal est de faire tomber l’autre, de voler l’autre. Je suis dégoûtée, écoeurée, mais je n’ai pas où aller.» (La Reine Marie de Roumanie, Journal de guerre, 1917)
Rien n’a changé depuis. Bien sûr, il y a quelques explications historiques, mais aussi une explication philosophique, fondamentale: "ethos anthropou daïmon" -le caractère d'un homme est son destin, disaient les Grecs anciens. A cette merveilleuse époque, on avait compris que, si la vertu venait du caractère et non du savoir, elle pouvait se trouver chez l'humble et être absente chez le puissant. Or, en Roumanie, les caractères ont toujours fait défaut, à toute époque, et de là, son destin.
L’humanité se divise en quatre grandes catégories, écrit Carlo.M.Cipolla dans son livre Les Lois fondamentales de la stupidité humaine : les crétins, les gens intelligents, les bandits, les êtres stupides, mais "l'individu stupide est le type d'individu le plus dangereux", plus que le bandit. Aujourd'hui, en Roumanie, il y a simplement très peu de gens intelligents, les trois autres catégories étant majoritaires. Et encore parmi ces trois, les stupides sont les plus nombreux. "Est stupide celui qui entraîne une perte pour un autre individu ou pour un groupe d'autres individus, tout en n'en tirant lui-même aucun bénéfice et en s'infligeant éventuellement des pertes."(La troisième Loi fondamentale)
C'est ce à quoi nous assistons en ce moment: une scission entre les partis de la coalition de gouvernement, une compétition pour déposer des motions de censure (l'outil démocratique que le politiciens roumains affectionnent, c'est leur jouet préféré, ils s'en servent pour s'assommer réciproquement). Cela se passe donc en plein scénario rouge Covid-19, avec 20% de la population vaccinée, et bien entendu, avec la hausse des énergies et des prix en perspective. La Présidente de la CE est arrivée en début de semaine à Bucarest pour rassurer: le PNRR a reçu l'approbation, les 29,9 milliards seront là. Il ne reste qu'à se partager le gâteau, et donc le gouvernement doit imploser. La crise a commencé avec des prétextes, un courant s'est formé contre le Premier-ministre (qui, lui, a une formation et une expérience professionnelle internationale dans la finance, ce qui n'est pas si fréquent chez les responsables politiques roumains), des fouineurs officieusement accrédités ont déterré un élément privé de sa vie d'étudiant aux States, le courant a pris de l'ampleur, s'est transformé en soif de sacrifice (le bouc émissaire), jusqu'à rendre hystérique tout le pays. J'écris ici car la Roumanie n'intéresse personne, bien qu'elle gêne toujours comme un caillou dans la chaussure européenne, et parce que les politiques roumains cachent invariablement la misère sous le tapis. Les vieilles habitudes.
Je me souviens d'un livre lu en 2006, Le Complexe de Barbe-Bleue, Psychologie de la méchanceté et de la haine, (par Jean-Albert Meynard, Editions L'Archipel, 2006, coll. Archipsy), je lui avais consacré une petite note sur le blog. On est d’accord qu’il existe mille façons de nuire. Le livre démonte un mécanisme dont sont également responsables nos trois cerveaux qui traitent l'information. Il examine ce mécanisme dans une perspective allant des petits riens relationnels auxquels on ne prête pas toujours attention, mais qui sont parlants, jusqu'aux phénomènes plus complexes de notre vie sociale, tels le voyeurisme du cinéma et des médias, ou la violence idéologique et religieuse, ou le pouvoir politique. Le manque d'empathie, la jouissance dans la domination ou la souffrance de l'autre, la chosification et l'humiliation de l'autre, à des degrés divers, bien sûr, peuvent se trouver stimulées et nourries par la puissance de l'image, et c’est ainsi que "l'audimat rejoint le physiologique".
"Sous l'influence de leur cerveau instinctif, les humains ne sont pas égaux! Ils sont emprunts, quel que soit leur niveau de courtoisie ou de déférence, d'un désir de domination. Leur aspect policé, socialement correct, cache leurs envies paléolithiques. Même les relations les plus intimes sont soumises aux lois impériales du sous-cortex."
"Quels que soient les modèles derrière lesquelles elles s'expriment, la haine et la méchanceté font partie de notre quotidien, et les Barbe-Bleue aussi".
Là, je suis en train de regarder faire les Barbe-Bleue roumains.
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12/09/2021
Le colis
(Mes photos -Selfie pour la rentrée)
Début août, j’ai déposé au bureau de poste Nice Thiers un colis de 0,920 Kg à destination des Etats-Unis. Un cadeau choisi avec beaucoup de soin pour Rowen Valentina qui entre cette année en Seconde. J’ai suivi mon envoi Colissimo : EW098363126FR. Déposé le 2 août, prêt à être confié au transporteur le 3 août pour son acheminement, il n’a jamais quitté la France. La progression du suivi s’arrête le 3 août, donc au lendemain de son dépôt. J’ai laissé une réclamation sur le site Colissimo, à laquelle j’ai reçu une réponse automatique : je serais contactée par « l’équipe qui met tout en œuvre », etc. Comme rien ne se passait, et comme je continuais à vérifier le Suivi bloqué à la même date, le 3 août, j’ai appelé La Poste/Colissimo/International. L’appel est un numéro spécial, facturé 0,80 euros /minute, je suis restée en ligne plus de quinze minutes et on m’a dirigée vers trois conseillers, j’ai expliqué trois fois l'histoire et fourni toutes les données de mon envoi. Le dernier conseiller m’a dit d’attendre encore une dizaine de jours avant de revenir vers eux (sur ma facture Orange, je viens de reconnaître les presque 20 euros de plus représentant la communication avec les services de La Poste).
Le colis n’est pas arrivé à destination, son suivi sur le site Colissimo n’a pas bougé, il n’a pas quitté la France, n’est pas monté dans un avion…Bref, il a été sûrement volé. C’est ce que je pense, et personne ne me convaincra que l’euphémisme professionnel « incident sur le parcours » correspondrait à autre chose. J’ai appelé encore une fois les services de La Poste, de nouveau Colissimo. Ils ont dit qu’ils allaient ouvrir un dossier suite à ma réclamation du 18 août déposée sur leur site, et qu’après un délai de traitement de…40 jours (!), je serais informée.
Mais est-ce-qu’ils ont vraiment ouvert un dossier, pour faire une recherche auprès du transporteur ? Je n’en ai aucune preuve, pas de confirmation par message ou email, juste l’affirmation du conseiller au téléphone. C’est pourquoi j’écris ces lignes. Je suis en colère et j’ai été très affectée. Heureusement, avant d’envoyer le colis, j’avais pris des photos de son contenu, y compris de la carte adressée à Rowen. Je les lui ai transmises ensuite par WhatsApp, et probablement, quand je recevrai un remboursement de la valeur du colis, je lui enverrai l’argent afin qu’elle s’achète quelque chose chez elle, aux Etats-Unis, de ma part. J’ai donc essayé de trouver une solution, mais je suis très révoltée, ça ne s’apaise pas, je suppose que c’est un élément qui se rajoute à d’autres, dans ma révolte accumulée au fil des années..
Il y a de moins en moins de conscience professionnelle, et de plus en plus d’abus à l’égard des consommateurs. La France ressemble de plus en plus à la Roumanie. Ce que je souhaite, plus que le remboursement de mon envoi, plus que leurs excuses éventuelles, c’est le licenciement du transporteur. C’est ce qui se passerait dans une compagnie normale, sérieuse, intègre. La Poste est un service d’Etat, un service national, qui devrait garantir l’échange et le transport des biens, ce qui est un droit. Je ne pourrai plus envoyer des colis aux Etats-Unis, j’ai été traumatisée, oui, le terme est juste, car cet événement occupe mon psychique depuis un mois, en me rendant complètement insensible aux grandes catastrophes humanitaires dans le monde, ou au réchauffement climatique, etc., etc., les grandes causes dont on sait si bien débattre en France...
P-S. J'ai écrit cette note tout en sachant qu'en France il existe trois manières de traiter : ne pas faire de vagues, laisser pourrir, dissuader /intimider finement.
P.P-S. Fin de l'histoire publiée le 01/09.
Le colis est arrivé à destination, comme on peut le voir dans le suivi: Suivi colissimo.pdf (probablement parce que je m'étais manifestée, car on observe bien le délai qu'il a passé dans un dépôt, avant d'être acheminé).
Il était endommagé, comme on voit sur ces deux photos, la moitié du colis ayant disparu (un humain ou un rongeur)
18:10 Publié dans Actualités, Emploi, Evénement, information, RO-EU-USA/Coopération, Voyage | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : la poste, services d'expédition | Facebook | | Imprimer
16/08/2021
La réalité, toujours...
(Mes photos- Le ciel de Nice)
Immédiatement après que le retrait des Américains a commencé, les talibans ont pris le pouvoir en quelques jours, facilement. L’armée afghane formée par les Américains a cédé sans aucune résistance, et le président du pays s’est enfui. Voilà le résultat de vingt années d’efforts, d’investissement humain et surtout financier (plus de deux mille milliards de dollars) pour organiser et reconstruire l’Afghanistan d’après les règles de la démocratie occidentale. D'innombrables ONG, le marché humanitaire de notre siècle, toujours aussi "efficaces" (comme à Haïti, où le désastre est total, bien que, après le grand tremblement de terre de 2010, le pays ait connu de nombreuses ONG et des millions de dollars d’aide). C’est le principe du tonneau des Danaïdes, on y verse de l’eau en pure perte. Mais on ne le fait pas par pure sottise, ou naïveté, loin de là.
En Afghanistan, il y a la réalité de la culture islamique/islamiste d’une société tribale et clanique. Elle n’a rien en commun avec la culture occidentale, à part le fait qu’il est question d’individus appartenant à la même espèce humaine. Quelques heures après la prise de pouvoir d’ailleurs, les talibans ont procédé à l’installation de la sharia, la loi islamique, dans plusieurs villes.. En définitive, à quoi s’attend-on ? On le savait, mais on choisit d’ignorer délibérément, par déni, par intérêt, par manque d’honnêteté, et surtout par un certain type d’idéologie (les cultures se valent, nous sommes tous égaux et beaux..). Le prêtre français assassiné par le migrant qu’il hébergeait (migrant qui avait mis le feu à la cathédrale de Nantes mais qui était libre et ne pouvait être expulsé à cause de la procédure en cours) a été considéré comme "victime de sa charité". On pourrait donc être victime de ses bonnes intentions, de sa morale, de sa générosité. En fait, pas vraiment. On est toujours victime du non-respect de la réalité, quand on ne la considère pas telle qu’elle est, mais telle qu’on voudrait qu’elle soit, à travers une interprétation faite de toutes sortes de biais - illusion, leurre, croyances, intérêt, profit, pouvoir, idéologie crétine, etc. Cela est valable aussi bien au niveau individuel que collectif.
En ce moment même, au lendemain du retour officiel des talibans, et pendant que les Occidentaux, sidérés, se perdent en explications et en accusations sur les vingt années échouées en Afghanistan, il faut noter le silence assourdissant du monde arabo-musulman (on le perçoit d'ailleurs à chaque nouvel attentat contre l’Occident). « Le fanatisme est la seule force de volonté dont sont capables les faibles », écrit Nietzsche. Le fanatisme obéit à un schéma mental qui n’est pas celui de la Raison, alors pourquoi espérer ou s’attendre à un résultat raisonnable en commerçant avec des fanatiques, analphabètes de surcroît ? On n’arrivera pas à les faire changer, c’est un basique de la psychologie sociale : vous ne pouvez changer les croyances d’une personne, c’est à elle de le faire, si elle s’aperçoit que ces croyances entravent son chemin ou son développement. La culture islamique, avec ses dérives, est l’écueil de nos sociétés multiculturelles, dans un monde irrémédiablement globalisé et interdépendant. Elle est devenue aussi un tabou diplomatique qui nous coûtera cher.
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11/06/2021
Le Plan
(Mes photos- Perrier- Citron Vert)
Le gouvernement roumain devra revoir sa copie, son Plan national de résilience et de relance (PNRR) ayant reçu de la part de la Commission européenne pas mal d’observations. Une simple recherche en ligne nous permet de nous informer: la Roumanie n’a pas évalué les investissements de manière spécifique mais globale, les coûts ne sont pas justifiés, les méthodologies de calcul sont absentes, les informations liées aux différents projets ne sont pas claires, les données et les documents justificatifs sont insuffisants, les montants envoyés par le gouvernement et les documents comptables (en Excel) ne concordent pas...
J’ai jeté un regard sur le plan roumain et sur le plan français. Bien entendu, le PNRR roumain sera quelque peu différent du PNRR français - question de développement ou de retard. Le plan français, pour lequel la France sollicite un financement de la Facilité pour la reprise et la résilience à hauteur de 40 milliards d'euros, un plan préparé avec l’ensemble des administrations concernées et qui a fait l’objet d’une consultation des parties prenantes, poursuit trois priorités clefs (l’écologie, la compétitivité et la cohésion sociale et territoriale) et comporte neuf composantes : rénovation énergétique ; écologie et biodiversité ; infrastructures et mobilités vertes ; énergies et technologies vertes ; financement des entreprises ; souveraineté technologique et résilience ; mise à niveau numérique de l’Etat, des territoires et des entreprises ; culture ; sauvegarde de l’emploi, jeunes, handicap, formation professionnelle ; recherche, Ségur de la santé/dépendance, cohésion territoriale.
Le PNRR roumain (29,2 milliards d'euros) est publié sur le site du Ministère pour les investissements et les projets européens, ministère qui est le coordinateur national du processus d’élaboration avec l’ensemble des ministères et aussi le négociateur avec la Commission. Le plan est structuré autour de six domaines : transition vers une économie verte ; transformation digitale ; croissance et développement économique durable ; cohésion sociale et territoriale ; santé et résilience des institutions ; enfants, jeunes, éducation et compétences.
Depuis son entrée dans l’UE en 2007 (mais même avant, quand elle avait le statut des PECOs - pays d’Europe Centrale et Orientale), la Roumanie a bénéficié de fonds structurels et d’autres fonds européens à travers de nombreux programmes (agriculture, transports, formation, communications, etc.). Normalement, on devrait constater que ces fonds ont servi au développement de ces secteurs-là, mais il n’en est rien. Ils ont servi aux prospères affaires personnelles. Au début, l’argent européen était plus facile à détourner parce que les « projets » présentés à la Commission étaient suffisamment démagogiques et ronflants (à cause de ou grâce à la riche expérience d’une idéologie communiste basée sur des évaluations et des rapports imaginaires). Les commissaires européens à l'Elargissement, eux aussi, étaient des bureaucrates parfaits. A un moment donné, l'OLAF (l'Office de la lutte contre la fraude) est entré en scène, mais bizarrement, à chaque fois qu’il venait enquêter en Roumanie, il ne trouvait rien de suspect. Avec le temps, les conditions d’accès aux fonds européens devenant plus précises, la Roumanie a perdu sa motivation pour monter des projets… Ce qui est bien compréhensible. Elle s’est tournée plutôt vers des partenariats bilatéraux, son travail consistant à élaborer des ingénieries financières pour siphonner légalement l’argent de l’Etat.
Il est évident que la Roumanie manque de gens compétents pour réaliser de vrais projets essentiels à son évolution. Elle affiche le plus bas taux d'absorption des fonds européens. Le flou, l’approximatif, le manque de rigueur ont toujours été les caractéristiques des administrations roumaines. Elles sont la conséquence directe du clientélisme et du népotisme, comme critères de sélection partout, et de la corruption. Et cela date d’avant le communisme, car on est aussi aux portes de l’Orient. Je crois que la Roumanie illustre le mieux le syndrome Dunning-Kruger, ou l’effet de sur-confiance, qui est un biais cognitif : pour pouvoir se rendre compte de son incompétence, il faut avoir un minimum de compétence (voici la note de CEFRO qui l’explique http://www.cefro.pro/archive/2016/10/03/le-syndrome-dunni...).
J’avais l’intention d’aller chercher quelques notes dans les Archives de ce blog et indiquer les liens, mais j’ai renoncé. Je me protège, en évitant, si je peux, de revivre les souvenirs et les émotions liés aux efforts autour du projet de Centre de formation pour lequel je n’avais pas trouvé de soutien institutionnel de la part de la Roumanie (de la France non plus, vu que le projet concernait la formation au bénéfice des cadres roumains). « Chaque pays européen est gestionnaire des fonds qu’il reçoit », me répondaient invariablement les exécutifs européens que je contactais avec persévérance. Finalement, j’ai donné une autre forme au projet initial en créant CEFRO, qui a travaillé entre 2008-2020 comme fournisseur et organisateur de cours pour deux programmes européens d'Education et de formation tout au long de la vie. Mais c’est comme si je réalisais un béret, quoique un joli petit béret, au lieu d’un manteau. En tout cas, les lecteurs de ce blog pourront toujours taper dans la case Rechercher (la version classique du site, pas l’application) un mot-clé : fonds, corruption, projet, programmes, Roumanie, Commission européenne, compétences, fraude, etc. Une multitude de notes s’afficheront. Dix-sept-années et un tableau vivant.
19:27 Publié dans Actualités, Correspondance, Emploi, Enjeux, Evénement, information, Presse, RO-EU-USA/Coopération, Web | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : plan national de résilience, roumanie, france, projets, compétences, dunning-kruger | Facebook | | Imprimer