13/04/2004
Sujets actuels/Réflexions sur un événement artistique
Le 31 mars 2004 (Sur "La Passion du Christ")
Eh bien, je l'ai vu.
J'ai écouté et j'ai lu beaucoup de points de vue, il y a eu des débats à la télévision, le film a été très controversé, et c'est aussi pour cela que j'étais curieuse de le voir.
Comme je ne suis pas influençable, et comme j'essaye toujours de réfléchir et de faire la part des choses, j'ai eu mon point de vue, que je n'ai pas retrouvé chez les autres, en fait une seule personne me semble avoir eu une attitude intelligente à l'égard de ce film, et c'est le Pape. Je n'aime pas particulièrement le Pape et je ne suis pas d'accord avec toutes ses positions, mais il a dit, après avoir vu le film, qu'il ne pouvait pas se prononcer sur un produit artistique et qu'il laissait cela aux spécialistes. C'est aussi diplomatique que vrai, j'avais exprimé un point de vue assez proche dans l'e-mail envoyé à "Newsweek", à l'occasion de la sortie du film.
Le film est très bien fait, techniquement parlant, prises de vues, angles de la caméra, couleurs, flash-back, images au ralenti, tout, jusqu'au millimètre, il est très professionnel, travail américain... Je me suis délectée en entendant l'araméen que je n'avais jamais entendu, et aussi le latin prononcé comme j'avais appris à l'école en Roumanie, et non comme j'avais entendu en France (l'accent, je veux dire, c'est l'accent tonique, proche de l'italien d'aujourd'hui).
Ceux qui ont parlé de ce film en l'accusant et en le récupérant d'un bord ou de l'autre, l'ont vu au premier degré (sciemment ou pas).
On ne peut pas dire qu'il soit antisémite parce que les Juifs sont peints en noir et que les Romains sont gentils, pas du tout. Mel Gibson a mis là-dedans de sa violence personnelle, car ils sont tous odieux avec Jésus (sauf Pilate, qui apparaît comme un personnage assez existentiel, préoccupé par ce qu'est la vérité, etc.). Les scènes de torture occupent tout le film, je ne pouvais pas vraiment regarder (j'essayais de noter des idées sur un bout de papier entre temps), c'est ce qu'on a reproché à Mel Gibson,"la boucherie". Mais c'est son choix artistique pour transmettre une vision de la souffrance de Jésus. Il y a vingt ans, Zeffirelli avait vu les choses plus classiquement, plus en douceur.
C'est le jeu des acteurs qui est magnifique, ils ne parlent pas beaucoup, ce qu'ils disent c'est exactement comme dans les Evangiles (que Gibson respecte à la lettre), mais tout est dans l'expression du visage, tous les sentiments, les questions, les révélations, tout se passe sur les visages des acteurs, et c'est du professionnalisme de très haut niveau.
Le rapport entre Jésus et Marie, sa mère, est surpris avec finesse, une complicité spirituelle qui vient du fait que tous deux savent quel est l'enjeu et ils s'entendent par leur regards (l'actrice qui joue Marie est Maia Morgenstern, une juive roumaine qui joue dans un théâtre à Bucarest, elle a 48 ans et elle est mère de trois enfants; j'avais lu une interview qu'elle avait donnée où elle expliquait que ce rôle lui avait permis d'exprimer la souffrance de toute mère qui voit la souffrance de son fils).
Mais ce que j'ai trouvé de plus intéressant, c'était la présence de Satan, représenté par une femme étrange qui apparaît à chaque fois dans les moments d'intensité du "choix", quand l'âme est prête à basculer, à cause de la souffrance physique qui est atroce. C'est la trouvaille de Gibson, en fait, c'est assez didactique, puisque le Mal est représenté de manière très concrète. Il ne fait que renforcer la résistance de Jésus, qui le regarde et sent fortement cette présence qui le guette et qui attend le moment où son âme va fléchir dans la décision prise.
C'est pareil en ce qui concerne les autres, Judas, par exemple, c'est Satan qui fait le travail jusqu'à la fin, en le rendant fou, jusqu'au suicide. En général, on perçoit bien (enfin, moi je l'ai perçu ainsi), justement à cause de la présence de Satan, que tous ont l'esprit obscurci à un moment donné, le temps de leur acharnement (gratuit) contre Jésus et qu'à la fin ils se réveillent, comme d'un cauchemar -Jésus est mort, sur la croix, et une goutte qui tombe du ciel provoque sur la terre un tremblement, etc. Sous l'effet de cette manifestation soudaine et inexplicable de la nature, tous ceux qui ont contribué aux tortures de Jésus, et aussi les grands prêtres qui l'ont accusé et qui ont assisté à ses dernières minutes, semblent se réveiller brusquement. Comme quelqu'un qui commet un crime dans un moment d'absence et ne se rappelle plus ce qu'il a fait, et en est horrifié lui-même.
Là, j'ai trouvé que Gibson avait fait preuve de finesse, ou qu'il avait été inspiré (c'est la même chose, parfois), car il semble vouloir dire que ces gens-là ont été aveuglés dans leur esprit pour qu'ils ne voient pas et parce que quelque chose devait se passer ainsi.
Je crois que ce qui est bien suggéré dans le film, c'est la question du choix individuel (l'acceptation de Jésus ne se fait pas dans la joie, ni facilement) mais aussi l'existence de deux plans, la volonté de l'homme et une autre volonté, divine, mystérieuse, qui le dépasse. Tout se joue sur cette marge-là et c'est surtout la première scène, celle dans le Jardin où Jésus comprend ce qu'il lui est demandé d'en haut. C'est la scène la plus réussie, d'après moi. Elle évoque aussi l'angoisse existentielle de tout homme devant la mort, mais devant une mort qu'il voit, qui lui est décrite dans ses détails atroces et pour laquelle on lui dit qu'il y a un prix -il peut accepter ou refuser. Et il ne peut pas refuser. Pourquoi? Mais c'est l'Eglise qui se charge, depuis deux mille ans de répondre à la question, avec plus ou moins de succès..
Le choix reste un éternel mystère.
Il y a dans le film une phrase qui n'est pas dans les évangiles, mais qui appartient à l'inspiration que Gibson a dû recevoir sur le tournage (il dit lui-même qu'il porte le projet de ce film depuis douze ans, juste à l'époque où j'avais choisi, moi aussi, le sujet de ma thèse...). Dans la scène de la flagellation, Marie, agenouillée devant Jésus torturé et en sang, lui dit :"Mon Fils, quand, où et comment décideras-tu d'être délivré de cela?"
La question de Marie est très intéressante à analyser, on peut prendre tour à tour chaque mot et voir ce qu'il y a dedans, pour accéder au sens du message. Je n'arrive pas à me détacher de cette phrase, peut-être que c'est bien pour elle que je suis allée voir le film, car les extraits des évangiles, je les connais.
Ce que j'ai donc retenu du film, c'est le problème du choix de Jésus. Gibson s'est arrêté aux dernières heures de la vie de Jésus, on ne voit pas Jésus en train de prêcher (sauf quelques flash-back), il n'y a pas de discours sur l'amour qui soit privilégié (sauf quelques références absolument obligatoires, et qui se situent dans la cohérence du récit). Là, on voit un homme dans les conséquences d'un choix auquel il est confronté et qui le dépasse, parce que l'on sent qu'il est agi par une force autre que sa résistance humaine, et je pense que le mérite du réalisateur est d'avoir réussi à suggérer cette nuance (enfin, moi j'y ai été sensible).
En fait, si Gibson avait choisi un tout autre guerrier ou héros pour illustrer la problématique du Bien et du Mal, il n'aurait suscité aucune polémique, et son film aurait été un film parmi des dizaines qui sont construits sur ce schéma. Mais il a choisi le symbole le plus sacré, sur lequel s'est construit tout l'édifice d'une religion complexe, basée sur l'idée de la rédemption de l'homme pécheur. Il n'est pas étonnant que la perception en soit si controversée et exigeante.
Néanmoins, c'est juste par cela que le film est très moderne. Je ne veux pas prêter des intentions philosophiques à Gibson, on dit qu'il est un catholique pur et dur, de genre traditionaliste, et il avoue lui-même avoir voulu montrer la souffrance du Christ afin que nous soyons renforcés dans la foi.
Toujours est-il que si le film peut susciter également d'autres réactions et être vu comme un produit artistique qui pose un problème humain et universel, c'est qu'il a réussi un pari esthétique. Dans le processus de création de toute oeuvre d'art, il n'y a pas toujours de concordance entre l'intention du créateur et la réception à l'autre pôle, celui du consommateur esthétique.
Comme dit le poète, "heureux qui, comme Ulysse a fait un long voyage", je dirais: heureux celui dont la foi a réussi à s'élever au-dessus de la manifestation strictement religieuse (c'est valable pour toute religion). C'est justement pour cela que Jésus intriguait les grands prêtres, d'ailleurs.
Sur le chemin de la Croix, Jésus, qui n'est plus qu'un morceau de chair ensanglantée, dit à Marie: "Vois, Mère, je rends toute chose nouvelle" .
Bien sûr, rien ne sera plus comme avant.
Je ne suis sortie de ce film ni antisémite, ni en aimant davantage l'Eglise. Je suis reconnaissante de l'avoir vu à l'approche des Pâques, ces Pâques qui devraient être oecuméniques davantage dans l'attitude des chrétiens que dans les déclarations ou les engagements diplomatiques des Eglises.
Carmen Serghie Lopez
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11:47 Publié dans Evénement, Film, Loisirs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : film, la passion du christ, mel gibson |
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08/04/2004
Parti nationaliste en Roumanie
Le leader du Parti pour la Grande Roumanie (PRM), C.V.Tudor a présenté hier à la presse une nouvelle acquisition:"l'Ambassadeur de la Roumanie pour l'UNESCO, Eugen Mihaescu vient de s'inscrire dans le PRM".
"J'ai choisi d'être membre du PRM parce que je suis convaincu que ce parti est le seul à apporter un vrai changement"
(source:"Evenimentul Zilei", Section politique, Jeudi le 8 Avril 2004)
Le PRM est le parti nationaliste roumain, l'équivalent du FN français et son leader C.V.Tudor a été candidat aux élections présidentielles en 2000, coude à coude avec l'actuel président Iliescu. Pour mémoire, on peut préciser qu'à l'époque, les medias européens avaient manifesté leur inquiétude face aux chances de l'extrême droite en Roumanie et leur soulagement lorsque "la sagesse du peuple roumain l'avait emporté".
Carmen Serghie Lopez
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07/04/2004
Sujets actuels/Roumanie/Pastorale dénonçant la corruption
>From: Carmen Lopez serghie_carmen@yahoo.com
To: newsreport@europarl.eu.int
Subject: Sujets actuels/Roumanie/Pastorale dénonçant la corruption
>Date: Wed, 7 Apr 2004 08:33:15 -0700 (PDT)
La Pastorale adressée par l'Archevêque Bartolomeu Anania aux fidèles à l'occasion des fêtes de Pâques a un caractère politique prononcé. La haute personnalité religieuse considère que cette année la célébration pascale en Roumanie se situe sous le signe de la victoire par l'entrée dans l'OTAN et également sous le signe inquiétant de l'intégration dans l'UE. "L'inquiétude vient du fait que, d'après ce que nous voyons, ce que nous entendons et ce que nous savons, le plus grand obstacle reste le fléau de la corruption." Dans l'opinion de Bartolomeu, "la corruption est le vice de l'homme immoral qui se dégrade spirituellement, en enfreignant les lois de la conduite sociale. On dit que chez nous la corruption est généralisée, voire même institutionnalisée, ce qui est très grave. Avant d'être un vice, la corruption est une mentalité. Nous ne pouvons pas rêver d'une intégration européenne sans travailler à notre propre guérison morale".
La presse roumaine souligne que bien que les Pastorales abordent toujours un problème d'actualité, en dehors du problème théologique habituel, cette référence à la corruption est une première absolue. La presse fait aussi observer que l'Archevêque Bartolomeu a beaucoup défendu dans le Sinode l'idée d'une nette séparation entre les prêtres et la politique.
Pourtant, les sénateurs-conseils juridiques contestent la décision de l'Eglise roumaine (BOR) concernant les prêtres-politiciens et cite l'exemple d'un sénateur PRM qui est en même temps parlementaire et prêtre et qui ne se trouverait pas pour autant dans le cas de figure des intérêts incompatibles.
(Sources: "Evenimentul Zilei", "Romania Libera", Mercredi, le 7 Avril).
Néanmoins, la corruption à l'intérieur de l'Eglise roumaine reste un sujet plutôt tabou pour les médias. On peut toujours se contenter des divers témoignages et opinions exprimés par les lecteurs sur les forums en ligne -on apprend, par exemple, que les pots-de-vin versés pour obtenir une paroisse varient entre 3000-5000Euros pour la province et 10.000Euros pour Bucarest.
(mêmes sources)
Carmen Serghie Lopez
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>Carmen Lopez
>Managing Director SC TORR SRL J17/673/93 Galati Romania
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05/04/2004
Correspondance/OLAF anti-fraude programme
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Monsieur le Premier Ministre Jean-Pierre RAFFARIN Paris Monsieur le Premier Ministre, En sachant que vous détenez à présent tous les éléments du projet que j'avance depuis quatre ans entre la France et la Roumanie et que vous avez, sans doute, une image plus complète des nombreux efforts individuels consacrés à sa réalisation, je souhaite exprimer,une fois de plus mon entière confiance dans votre soutien. Pour cela, voici ci-joint l'appel à propositions concernant le programme de lutte anti-fraude, lancé par l'OLAF, auquel je suis vivement intéressée de participer avec ma société roumaine et le Centre de formation au bénéfice des cadres roumains, que je compte ouvrir en France. Vous vous rappelez, certainement que l'idée de ce Centre est basée sur le transfert de savoir-faire entre la France et la Roumanie dans le domaine du Marketing, du Management et des NTIC, mais que d'autres programmes sont envisageables, puisque la raison d'être de ce Centre consiste à contribuer à la diffusion des standards européens, en vue de l'Elargissement. A ce jour, je n'ai toujours pas obtenu un financement minimum pour installer mon Centre à Nice -je vous ai tenu informé des dernières démarches auprès du gouvernement roumain également. En voyant que ce programme de l'OLAF privilégie les projets internationaux, je pense qu'il serait d'autant plus opportun que je bénéficie du soutien des instances françaises. Il est vrai que toutes les actions que j'ai menées auprès des organismes du Département des Alpes-Maritimes -en termes de démarches pour mon projet ont été vouéesà l'échec. Je suis arrivée à la conclusion que ce département est loin de s'intéresser particulièrement à l'idée de l'Elargissement. Vous savez bien que je me suis heurtée à un silence absolu, et que de point de vue professionnel on m'a enfermée dans un dispositif justement pour n'avoir plus aucune chance de développer ce projet. Je ne désire pas insister sur le caractère insidieux de cette attitude qui m'a déjà coûté cinq années de vie professionnelle. Je me demande seulement s'il ne vous serait pas possible de m'accorder votre appui au niveau national, car au niveau départemental et même régional je n'ai rien réussi. Il doit exister en France quelque organsime ou administration plus souple et peut-être plus séduite par l'idée de monter un projet dans la lutte anti-fraude et ayant déjà une expérience dans ce domaine. Il est évident que sur ce sujet ce n'est pas la Roumanie qui pourrait avancer des propositions intéressantes -et pour cause. En vous remerciant pour votre aimable aide, je vous assure, Monsieur le Premier Ministre, de mon entière considération. Carmen Serghie Lopez 7, av. Thiers, appt. 406 06000 Nice France www.hautetfort.com/elargissement-ro e-mail:serghie_carmen@yahoo.com |
19:46 | Lien permanent | Commentaires (0) |
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