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20/10/2023

Réactions

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(Photo- Cormorans-Rêve. Saint Laurent-du-Var 2023)

 

Dans le contexte des derniers événements, les appels aux dons sont fort nombreux. Beaucoup se recoupent, ils émanent d’ONG, d’Associations humanitaires, etc. Il ne faudrait peut-être pas oublier que l’Union Européenne et les Etats-Unis fournissent des milliards. Et cela n’est pas nouveau, mais depuis des années et des années, dans cette région du Proche-Orient, comme en Afrique ou ailleurs. Où vont ces milliards, c’est une question, pas une réponse. En tout cas, ils n’ont pas réussi à endiguer la corruption, ni la violence, ni le terrorisme, mais bien au contraire, ils semblent les avoir nourris. En ce moment, il existe tant d’appels aux dons sur les réseaux sociaux, que, agacée, j’ai dû en masquer un certain nombre. Et pour cause. Je n’ai jamais obtenu la moindre subvention pour monter mon projet (ce dont témoigne ce blog depuis sa création, en 2004), et finalement, j’ai réussi à créer une version du projet par mes seuls modestes moyens. Cela a donné CEFRO, ma petite entreprise de conseil qui a proposé ses propres cours dans un programme européen de formation de type Lifelong Learning.

Alors, quand j’assiste à tout ce chantage humanitaire agressif, je me souviens de mes efforts, et ce sont eux qui mettent une barrière lucide. Un jour, j’ai écrit une lettre au Directeur du FMI (elle se trouve dans cette note écrite en mai dernier, « A propos de l’estime de soi » 

http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2023/04/27... )

J’avais suscité une réaction qui me fait toujours sourire. La voici (c’était en 2010). 

22/06/2010

Réactions

A propos de ma lettre adressée au Directeur Général du FMI: un lecteur m'envoie aujourd'hui un email pour me demander si quelque zone dans mon cerveau, responsable du sens du ridicule s'est atrophiée, et s'il ne valait mieux ne pas mentionner l'Université de Bucarest, et laisser planer la bien connue confusion avec Budapest, pour que la lettre ait une chance d'être lue...
 D'abord, si je l'ai postée sur le blog, c'est pour qu'elle soit lue. Quant à mon cerveau, il est en parfait état, aucune zone ne s'est atrophiée. Mon sens du ridicule, par rapport à qui, par rapport à quoi? Suis-je idiote, illettrée? Ai-je demandé une subvention pour monter un casino, pour m'acheter une Ferrari, pour renflouer un compte en Suisse? Je crois que c'est chez d'autres personnages que le sens du ridicule peut faire défaut, plutôt chez certains de ceux qui décident de nos destins, qui ont un double langage, qui manient des valeurs ronflantes pour leurs propres intérêts...et ceux-là n'ont pas de frontières..
 Et qu'est-ce qu'il aurait dit, ce lecteur, s'il avait vu, en live, lors du récent sommet France-Afrique à Nice, les responsables africains faire leurs achats dans les boutiques les plus luxueuses de la ville, là où d'habitude il n'y a personne, quand on sait que leurs nations meurent de faim ou s'entre-tuent à la machette..? Car, pour les villas et les yachts, je suppose qu'il est informé, comme tout le monde...Je lui propose un exercice simple: dresser une sorte d'inventaire de tous les aspects qui lui semblent ridicules dans notre environnement social, politique, cela reviendrait à mieux saisir ce qui est juste/injuste. Je ne raisonne pas en termes de ridicule, ce n'est plus de Molière qu'il est question..Il est possible que le terme aberrant, dans son premier sens littéral - contraire à une règle établie-, puisse être parfois employé pour une démarche qui sort de l'ordinaire par sa persévérance révoltée contre l'immobilisme, l'indifférence, l'arrogance, etc. De toute façon, l'aberration interpelle..., ou fait avancer l'explication, comme en sciences, par exemple. Oui, ma lettre peut être aberrante par rapport à la règle établie, si cette règle est bien celle selon laquelle notre monde tourne, et avec les résultats que l'on voit.
Update. Je reçois un bref email en décalage horaire et depuis mobile, en réaction à la réaction: "Bien sûr que tu n'es pas ridicule, les blogs sont faits pour exprimer des idées, en plus il y a des photos. C'est l'équipe de France de football qui est ridicule." (MULTUMESC, scumpul meu baiat!)

17/08/2023

La littérature, un témoin qui ne meurt jamais

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(Photo -Ma fenêtre à Nice)

De nouveau, ces propos que j'ai déjà eu l'occasion de citer dans des notes antérieures, mais qui me parlent beaucoup, c'est un concentré:

"Si je n'étais pas partie, il m'aurait été impossible de résister ici! Rien qu'en pensant au contact quotidien avec la réalité roumaine, je me rends compte que je deviendrais folle une seconde fois si je devais vivre dans la Roumanie d'aujourd'hui. Il y a tant d'indifférence dans ce pays, et l'indifférence de la population explique aussi tout ce qui se passe (…) La Roumanie post-communiste n'a pas enlevé tous les masques de l'horreur communiste, dont le plus perfide reste celui de la délation, et le plus terrible, celui de l'annihilation de l'intimité (...). Les Services secrets de Ceausescu n'ont pas été dissous, mais renommés SRI. Un ex-collaborateur de la Securitate peut occuper n'importe quelle fonction aujourd'hui en Roumanie ", écrivait Herta Müller dans Die Zeit (cité dans RL), en 2009.

 Le site DW publie aujourd'hui un article à l’occasion de l’anniversaire de Herta Müller, prix Nobel de littérature 2009: « Herta Müller a écrit pour les Roumains les livres qui leur manquaient », dont je résume quelques idées. Harcelée par la Securitate parce qu’elle écrivait ce qu’il ne fallait pas, elle avait été obligée de quitter la Roumanie. Elle écrit en allemand, ce qui fait d’elle un écrivain allemand. Néanmoins, sans la vie vécue en Roumanie, avec les traumatismes subis, les trahisons des amis qui l’ont dénoncée à la Securitate, les sacrifices assumés, les mensonges entendus, la peur du système qui lui a donné en même temps le courage de s’y opposer, la force de ses écrits (autobiographiques pour la plupart) n’aurait pas été aussi pénétrante. Elle a écrit sur la dictature, mais aussi sur la manière dont la majorité de la population et les institutions avaient participé au maintien du régime. Elle a su ne pas abandonner ses principes et défendre ses opinions au risque d’une sincérité qui embarrasse. Elle a refusé d’oublier, de passer l’éponge sur les humiliations et les abus vécus pendant la dictature, elle a nommé les choses, en ne permettant pas aux lecteurs d’oublier l’absurde de ce monde-là. C’est pourquoi elle a dérangé et dérange toujours l’espace public roumain. Un écrivain qui continue de rappeler que la Police politique n’est pas morte, mais qu’elle a proliféré, en créant un capitalisme de clan et de clientélisme joyeux et insouciant, cet écrivain ne pourrait être commode pour une société qui préfère fermer les yeux et se laisser diriger par les successeurs des anciens abuseurs, justement parce qu'il rappelle ce que la majorité intellectuelle souhaite oublier ou plutôt camoufler. Sa traductrice en roumain, Corina Bernic, observe que ce qui en Roumanie a été considéré comme une atteinte au sentiment national de la part de Herta Müller, est en vérité, au contraire, une preuve d’amour et de regret, car vous ne critiquez que ce qui vous intéresse, ce que vous pensez être réparable. Autrement, vous restez indifférent et vous ne vous retournez plus sur le passé. Herta Müller n’a jamais cessé d’interroger le passé.

J’ai lu l’article de DW sur Facebook et j’ai laissé un commentaire, en citant les mots de Herta Müller en 2009, et qui figuraient dans une note sur ce blog. Un bon Roumain m’a injuriée, moi, "avec la Juive Herta". Je l’ai bloqué, la moindre des choses. Mais c’est un détail révélateur. Derrière l’écran, on peut plus facilement déverser sa haine. Et il y a de la haine, beaucoup de haine, si vous touchez le point névralgique de la complicité.

A propos de la haine de la Police politique de la dictature, viscérale car liée au sentiment national et à l’idéologie, je viens de lire un roman de l’auteur danois Michael Katz Krefeld (« Savnet », 2014/ « Disparu », Actes Sud, 2020) qui retrace les derniers jours de la Stasi, avant la chute du Mur, et leur écho vingt-quatre ans après, quand on découvre que beaucoup de familles s’étaient volatilisées lors de ces événements-là. Un colonel de la Stasi et son obsession perverse pour une famille mise sous surveillance, ou de la haine à l’état pur. C’est une œuvre de fiction, oui, mais les méthodes, les techniques du colonel et de l’appareil, c’est la réalité, et peut-être en dessous de la réalité. Pour un lecteur qui a connu le régime totalitaire et sa police, le souvenir des atrocités commises à l’époque de la Stasi (ou de la Securitate ou du KGB) a un effet différent que pour un lecteur occidental, lequel lecteur pourrait flirter avec les principes communistes ou avec le "pacifisme" à n’importe quel prix, ce que l'on voit à propos de l'invasion russe en Ukraine. Cela dit, la littérature reste la meilleure thérapie, comme je l’ai souvent écrit dans les notes publiées sur CEFRO (http://www.cefro.pro/archive/2023/07/25/la-litterature-to...

25/07/2023

Déni ou acceptation?

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(Photo- Rue à Nice)

 

Comme nous savons bien, même sans l’avoir à l’esprit consciemment, autour des événements importants et qui ont marqué notre vie, nous ressentons la trace laissée par l’événement, sous une forme ou sous une autre. Bien entendu, nous pouvons toujours recadrer un souvenir, parce que, à chaque fois que nous le récupérons, nous le modifions un peu, le plus de recul nous faisant reconstituer un tableau quelque peu différent, vu sous un autre angle. C’est, d’ailleurs, l’art du recadrage, dont parle Watzlawick, et qui est utilisé en thérapie : la transformation porte sur ce qui arrive, et non sur son pourquoi.

Dans une note de 2013, je revoyais « mon tableau » des 23 années depuis que j’avais mis les pieds en France. Me voilà, à quelques jours de l’anniversaire des 33 années. Est-ce un anniversaire ? Oui, étymologiquement. Presque biblique, comme chiffre, c’est l’âge officiel de Jésus, n’est-ce pas…L’élément nouveau dans cette reconstitution du tableau, c’est la lassitude, une sorte de résignation plutôt philosophique, où l’espoir occupe une place réduite, mais où la capacité de révolte est paradoxalement intacte.

Pendant trente-trois ans, la Roumanie a travaillé constamment à tuer dans l’œuf toute compétence professionnelle réelle, en tissant avec méthode une toile solide faite de corruption, de clientélisme, de népotisme, à tous les niveaux de la société, et à des degrés variables. Le résultat: le règne de l’imposture et de l’incompétence arrogante et agressive, travestie en démagogie identitaire, en susceptibilité nationaliste et religieuse. Des responsables politiques qui n’ont aucune qualification ou profession et, naturellement, aucune vision. Comment pourraient-ils en avoir, bardés de diplômes achetés, trafiqués, de titres ahurissants ? La Roumanie ne sera jamais capable d’autre chose que de copy/paste (copier/coller) dans tout, et elle restera toujours un pays dirigé par les gens des Services. Ceux-ci ne sont pas exactement les mêmes qu'à l'époque de la dictature communiste, forcément, certains sont à la retraite ou sont morts, d'autres sont des hommes d'affaires, des politiques, ou de hauts fonctionnaires, mais l'esprit est resté. Une jeune génération, issue de toutes sortes d'académies nationales de sciences économiques ou de police (la pépinière) est, en règle générale, de la même « famille » et renforce le même système - comme en Russie, cela ne pourra disparaître, telle une hydre éternelle. A l’heure des réseaux sociaux, des théories du complot, de la propagande autrement, des influenceurs rémunérés et des 'patriotes' bénévoles, leur action s’est évidemment adaptée. Un seul objectif : protéger l’hydre, peu importe où se trouvent ses têtes, dans la Justice, dans les institutions de l’Etat, dans les partis politiques, dans les affaires...

Dans une note de 2016, je me donnais la peine de traduire du roumain un article signé par un psychologue, article qui m’avait paru assez pertinent parce qu’il faisait une observation de bon sens: tant que nous serons dans le déni de ce qui nous arrive, nous n’en sortirons pas. Récemment, j’ai eu l’occasion d’écouter un autre psychologue roumain, recteur d’université celui-ci, qui est convaincu que la solution pour la morale dans notre société se trouve dans la religion et dans la pratique de celle-ci. L’église orthodoxe est, sans doute, ravie de ce soutien. Nous sommes au XXIe siècle, mais les valeurs humanistes n’ont qu’à attendre encore dans ces régions-là…

Toutefois, en relisant aujourd'hui l’article en question, je dirai qu’il ne s'agit ni de déni ni d’acceptation, dans le sens d’accepter une réalité, de la regarder en face avec lucidité, afin d’opérer un changement. Loin de là, et c’est pourquoi la Roumanie n'a pas d’issue, et c'est pourquoi son cas est spécial. Il est question de se complaire sciemment, de critiquer un état de choses d’une part, et de l’entretenir, de le nourrir, chacun à son échelle, dans ses interactions individuelles, professionnelles, politiques, d’autre part. La toile est indestructible, forte et primitive (comme écrit ce Larousse de 1906 : Roumain : race forte et primitive ).

Trente-trois ans après la chute officielle du communisme, le tableau n’est pas beau à voir, et c’est le moins que l’on puisse dire. Dans le même temps, est-ce que l’OTAN et l’UE pourront nous empêcher de sombrer? 

http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2013/07/31...

http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2016/11/02...

27/06/2023

J'ai 28 ans...

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(Photo- Thèse

 

C’est l’anniversaire de ma belle Thèse, laquelle n’a pas été qu’une simple Thèse, sinon je n’en parlerais pas, car il existe des millions de Doctorats. Elle a été l’élément autour duquel s’est construit mon parcours depuis 1995, entre la Roumanie et la France, mais pas dans ce sens normal, que le titulaire d’un tel diplôme serait en droit d’espérer. Ce fut, en définitive, le parcours du héros (dans ce cas précis, de l’héroïne), c'est-à-dire un roman…J'y ai défendu une vision personnelle du récit, de la construction et de l'identité du Sujet. Le résultat avait été Très Honorable à la Majorité. Il ne m'a servi à rien, sinon à résister en France, en conservant l'estime de soi - le meilleur rempart qui soit (si, quand même, en tant que dirigeante de CEFRO et organisatrice de cours européens, j'ai pu apposer ma signature Docteur ès lettres sur des documents). Le 27 juin 1995, à 14 h 30, j'étais assise à une petite table devant le Jury universitaire dans la Salle du conseil de la Faculté des lettres, salle comble, d'ailleurs. Ce jour-là, j'ignorais que ce que j'avais défendu pendant quatre heures allait être du vécu, en quelque sorte. J'étais satisfaite après un énorme travail, et aussi que mon approche fût appréciée et reconnue comme particulièrement neuve.
Heureusement ou non, l'identité du Sujet est bien plus qu'une identité nationale.

Alors, comme chaque année, je prends sur l'étagère de ma bibliothèque l’exemplaire de 453 pages (que j'ai tapé toute seule sur un ordinateur qui m'avait été prêté), je l’ouvre au hasard et lis un peu. 

Je m'arrête à une certaine idée, celle de l’Ethos immanent dans la structure de notre psyché. Il y a dix ans, j’ai lu la Conférence sur l’éthique que Wittgenstein avait présentée devant un public de non-philosophes (j’ai aussi écrit une petite note sur ce blog, en 2013). Wittgenstein dit que l’éthique ne saurait être une théorie, mais qu’elle a un caractère intrinsèquement personnel, et pour cela elle se pense toujours dans un contexte et dans des pratiques déterminées. L'analyse détaillée des aspects physiques et psychologiques de nos actions ne nous révélera jamais ce qui les lie à l'éthique, mais c'est notre attitude vis-à-vis de ces actions qui les rend éthiques, plus exactement la manière dont nous arrivons à nous extraire des faits pour les contempler comme d'un point de vue extérieur. Il dit, par exemple, que lorsque quelqu'un face à une décision importante se demande "Que dois-je faire?", le sérieux de cette question est "éthique" parce qu'il se distingue d'autres types de choix. Donc, l'éthique est dans l'attitude du sujet qui expérimente et qui éprouve. Le monde de l'homme heureux n'est pas le même que le monde de l'homme malheureux, bien que les faits qui le constituent soient identiques, c'est le regard qui change, la volonté à l'égard de ce monde qui est différente, mais pas le monde lui-même. En voulant exprimer l'inexprimable (tout comme la religion ou l'esthétique), l'éthique se confronte aux limites du langage, elle ne peut pas s'énoncer sous la forme de propositions douées de sens, mais elle peut se montrer à travers des expériences qui la révèlent dans son authenticité.

Encore une fois, c'est une histoire de sujet (je dirais de sujet singulier). J’aime aussi Wittgenstein parce qu’il ne méprise pas cette littérature "mineure" (les polars), où il dit trouver des exemples d'expériences éthiques souvent plus profondes que celles présentes dans les ouvrages de philosophie. Aujourd'hui, comme nous constatons, l'intelligence artificielle est capable de remplacer tout à fait l'humain dans bien des domaines, y compris dans celui de la rédaction de contenus. A partir de mots-clés, un robot dernière génération peut nous offrir un texte parfaitement rédigé: une description, une publicité, et pourquoi pas un article d'information, à la place du journaliste. Et c’est Wittgenstein qui observait déjà où serait le vrai danger de ce progrès: "Nous ne devons pas craindre que nos machines nous dépossèdent de la pensée -mais peut-être avoir peur qu'elles ne nous incitent à cesser de penser par nous-mêmes. Ce qui leur manque, ce n'est pas la puissance de calcul, mais l'animalité. Le désir et la souffrance, l'espoir et la frustration sont les racines de la pensée, pas le calcul mécanique". 

Dans ce bref PDF, quelques extraits de mon travail de 1995 (à l’époque, je n’avais pas encore lu Wittgenstein), autour de l’éthique. L’homme est sa propre providence, de lui seul dépendent son sort essentiel, sa joie ou son angoisse de vivre. Son rapport au monde, qui s’exprime en termes de plaisir et de quête de la jouissance, est réglé par une instance sur-consciente, une justice immanente, qui est créatrice de toutes les images métaphysiques, de toutes les divinités (juges de la conduite humaine) que l’esprit humain a engendrées, de l’animisme au monothéisme. Déchiffrer les sens profonds derrière les mythes, c’est accéder aux vérités du fonctionnement psychique que seule la pensée symbolique peut exprimer, parce qu’elle est fondée sur l’analogie et l’intuition. La symbolique compare analogiquement les combats intra-psychiques avec les combats extérieurs. Et dans cette perspective, l’amour courtois est un effort unique de symbolisation pour sublimer la violence des mœurs par le discours poétique. Un exemple d’aptitude à la civilisation.