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20/10/2008

La surveillance (II)

En regardant hier soir Ripostes sur France 5, j'avais perdu, à un moment donné, la notion de l'espace. Je ne savais plus si je me trouvais en France ou en Roumanie. A vrai dire, j'aurais pu tout aussi bien me trouver en Allemagne, aux US, en Grande-Bretagne, ou dans je ne sais quel pays plus exotique. Le sujet: "Filatures, barbouzes: attention danger?" On parle de fichiers policiers et politiques, d'officines privées, d'intelligence économique, du contrôle des renseignements.. Tout cela m'était familier. L'un des invités lance cette conclusion universellement correcte: "il faut trouver un équilibre entre la sécurité et les libertés". Donc, des idées peuvent être dangereuses et leurs porteurs surveillés, fichés, etc. Mais les milliards désincarnés qui se baladent et qui destabilisent la planète? Comment passent-ils inaperçus? Comment on ne voit rien venir, malgré tous les systèmes de surveillance, contrôle, fichage, qui prolifèrent pour notre meilleure protection? Une chose me touche, m'amuse, et me fait de la peine en même temps: regarder les grands de la petite planète pris de panique responsable et trouvant refuge dans les valeurs morales, maintenant, avant que tout ne s'effondre complètement. On commence à parler plus ouvertement de l'opacité de la finance, des salaires en millions...Aujourd'hui, une figure attachante, Soeur Emmanuelle, est partie définitivement, à presque 100 ans, après une vie qu'elle avait dédiée, à sa manière, à une certaine justice sociale. Evidemment, elle avait la foi en Dieu, mais aussi en l'homme. Je crois toujours que pour l'avoir, il faut obligatoirement une bonne dose d'exaltation qui accompagne la lucidité. Après tout, pourquoi faut-il qu'il existe de tels destins singuliers, comme l'Abbé Pierre, Mère Teresa, Soeur Emmanuelle, ou d'autres, qui soient habités par l'idée de justice et la mettent en pratique avec leurs faibles moyens, alors que nos sociétés sont pourvues de gouvernements, de responsables disposant logiquement de tous les outils??? Je m'aperçois que j'ai écrit deux fois le mot "responsable". C'est le mot-clé présent dans toute rhétorique ces dernières semaines, et mon subconscient s'en ressent. Ce mot aura-t-il le pouvoir de créer la réalité de ce qu'il désigne?
N.B. Les médias trouvent le bon moment pour revisiter le sujet des paradis fiscaux, en citant les plus connus: la Suisse, Monaco, Luxembourg- la liste est bien plus longue. Je me rappelle que le PM du Luxembourg, également ministre d'Etat, ministre des Finances, est aussi le président permanent de l'Eurogroupe (qui réunit les ministres des finances des pays de la zone euro), et que c'est l'Eurogroupe qui s'est présenté au chevet des banques européennes et a proposé le plan de sauvetage. Sur Google on vous propose ce lien commercial: "Profitez des avantages particuliers de la fiscalité du Luxembourg! Bienprevoir.fr/Fiscalite-Luxembourg Provence Alpes Côtes d'Azur". C'est quoi déjà, un paradoxe?

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