Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

04/07/2005

Des degrés dans la corruption

On peut distinguer le haut de gamme et la corruption populaire. Dans la première catégorie il existe aussi des degrés: entre un cadeau, qui prend la forme d'une BMW ou d'une Audi A8 offerte à un PDG lors de la signature d'un contrat ou de la passation de marchés, et les millions de dollars qui renflouent des comptes discrets, quelque part, ailleurs. Ici, la Roumanie n'a rien d'original, car cette catégorie est mondiale. D'ailleurs le roumain, comme langue vivante qui évolue en fonction de la réalité, a consacré l'expression devenue courante "laisser/donner son droit" au même phénomène que le français désigne par "les pots-de vin", "les dessous de table", "arroser", etc. Le roumain y ajoute une connotation spécifique - la légifération/légalisation du phénomène...
Je lis un livre qui vient de paraître en France, "13 mystères de la Côte". L'auteur, Roger-Louis Bianchini est un journaliste que ses confrères de l'édition régionale Fr3 ont qualifié d'"atypique" -en français aussi, le terme veut dire "intègre", "honnête". Je découvre de belles tranches de la corruption très haut de gamme sur la French Riviera.
Ou bien, il m'arrive d'établir des ressemblances familières entre le style du Maire de Constantza (ville sur le littoral de la Mer Noire) régnant en maître absolu sur son fief, et le député Maire de Levallois...(j'entends bien, d'après des informations au su de tout le monde, et rien de plus).
Je me souviens avoir lu il y a quelque temps une étude qui dressait une échelle mondiale de la corruption et dans laquelle la France occupait le 25e rang et la Roumanie le 77e (au premier rang -donc le moins de corruption- se situait une démocratie du Nord).

De toute manière, c'est la seconde catégorie, celle qui relève de la corruption populaire, qui fait que le quotidien est invivable en Roumanie. Et c'est bien la différence avec les démocraties occidentales, où le citoyen lambda est protégé dans ses droits élémentaires par des institutions qui fonctionnent correctement (peut-être pas à 100%, mais certainement à 90%). En règle générale, vous n'avez pas à arroser pour vous faire délivrer une banale autorisation ou des médicaments compensés (remboursables), ou pour court-circuiter l'attente dans l'obtention d'un passeport. Quelqu'un raconte qu'en accompagnant sa femme à l'hôpital suite à une rupture de ligaments, il a dû commencer par laisser quelque chose au gardien pour avancer sa voiture jusqu'à la porte de l'hôpital, il a continué avec un médecin pour obtenir une chaise roulante, ensuite avec un autre médecin pour que la patiente assise dedans soit prise en compte... Il conclut -non sans humour: " heureusement que j'avais la paie sur moi....". Des exemples comme celui-ci sont infinis, car dans notre pays rien ne bouge si vous n'arrosez pas à droite et à gauche.

De toute manière, en matière de corruption on n'a que l'embarras du choix si l'on veut raffraîchir les études et les statistiques. Le plus inquiétant pour la Roumanie dans ce contexte est qu'elle ne réussit pas à absorber les fonds mis à sa disposition par Bruxelles. Le représentant de la CE à Bucarest estime que cela devrait être un vrai signal d'alarme pour les autorités roumaines locales et nationales, surtout à quelques mois du Rapport de monitorisation, et surtout lorsqu'on sait bien que les leaders allemands ont déclaré qu'ils proposeraient la ratification du Traité d'adhésion pour la Roumanie uniquement en fonction des résultats de cette monitorisation.

En voilà un sujet sur lequel l'OCDE pourrait se pencher pour en sortir une étude: quels rapports entre la corruption en Roumanie et l'incapacité du pays à absorber les fonds européens. Car rapprochement il y a.

Carmen Lopez

Les commentaires sont fermés.