Adressé à l'Office de la Lutte Anti Fraude
Commission Européenne
Monsieur le Directeur,
L'information diffusée par la BBC et reprise par la
presse roumaine concernant les illégalités constatées
dans le déroulement d'un programme de formation pour
les fonctionnaires publics, à l'Université de
Bucarest, programme financé par les fonds
comunautaires Tempus-Phare n'est qu'une goutte d'eau.
Cela parce que l'utilisation des fonds européens en
Roumanie n'est plus un secret ni pour les Roumains, ni
pour les instances internationales, et parce que ce
n'est pas pour la première fois que la presse publie
de tels exemples.
Les précisions apportées à la fin de l'article "Tour
de passe-passe avec les fonds européens" (EVZ, le 6
Mai) sur les fonctions politiques du coordinateur du
programme ne sont pas une nouveauté, non plus, puisque
ce n'est pas au citoyen ordinaire que revient la
gestion de ces fonds.
A chaque fois que je me suis adressée aux instances
européennes en signalant qu'il m'était impossible
d'accéder à un financement pour monter avec ma PME un
Centre de formation, on me répondait invariablement
que les fonds étaient gérés par les instances
nationales. Il me semble inutile d'insister sur ce qui
est notoire dans la gestion de ces fonds.
Mais il existe un aspect inédit dans cette information
récente.
Il apparaît que les vérifications de l'OLAF n'ont rien
révélé d'illégal et que ce sont les vérifications du
Corps de Contrôle du gouvernement qui ont découvert la
fraude.
On peut interpréter que les instances internationales,
même en disposant de moyens appropriés, restent
inefficaces devant le make-up des rapports nationaux,
technique dans laquelle on excellait à l'époque de
Ceausescu. Il y a des habiletés qui ne se perdent pas,
au contraire, elles s'adaptent au nouveau
conditionnement économique et politique.
On peut considérer aussi l'autre exemple, paru dans le
même quotidien, sur le trafic de matériaux au Combinat
de Galati, ville qui est hautement dangereuse et que
je connais parfaitement -c'est d'ailleurs, pour cela
que je suis plutôt en France que là-bas et que
j'essaye de monter mon projet plutôt ici qu'à Galati.
Le spécifique de la fraude en Roumanie est qu'elle est
primaire, violente et qu'elle fait peur dès que l'on y
touche.
On pourrait interpréter l'information rspective comme
étant une démonstration de l'efficacité du Corps de
Contrôle du gouvernement dans la lutte
anti-corruption.
Mais je crois qu'une autre conclusion, plus évidente
s'impose: les fonctionnaires internationaux ne sauront
jamais trouver (ou bien, exceptionnellement)ce que les
organes roumains peuvent trouver très aisément - à
condition qu'ils le veuillent et qu'ils puissent le
faire, à cause du principe du domino.
Si je réagis, ce n'est pas seulement parce que je me
suis longtemps battue entre les instances nationales
de ces deux pays, et entre la fraude en Roumanie et
l'indifférence en France, afin de mettre en place mon
projet dans la formation.
Il serait inexact de voir dans mon attitude le
mécontentement de celui qui n'arrive pas à avoir une
part du gâteau. Personnellement, je suis étrangère à
ce genre d'opportunisme, et la meilleure preuve est ma
position en France -difficile d'imaginer une plus
humiliante.
Mon attitude est l'expression d'une révolte de
principe et c'est mon propre fonctionnement. Je suis
outrée par la fraude en soi, d'où qu'elle vienne et
quelle que soit sa forme, primaire ou plus élaborée
-si, bien sûr, je parviens à en saisir le mécanisme,
ce qui n'est pas toujours possible de l'endroit où je
me situe.
C'est la raison pour laquelle j'ai exprimé dans mon
message du 5 Avril dernier, adressé entre autres aux
instances françaises et roumaines ("Lettre ouverte à
Monsieur le Premier Ministre Jean-Pierre
Raffarin/Fwd:Olaf Anti-fraud Training Programme
2004"), mon souhait le plus vif de participer avec ma
PME aux programmes de formation de la lutte
anti-fraude lancés par l'Olaf, en réponse à l'appel à
propositions.(...) Carmen Lopez
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