Rêves et idéologies (01/02/2015)

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En lisant la presse roumaine, j'ai retenu deux articles, que je vais résumer ici. Le conseiller du président Poutine (qui ressemble à.. Raspoutine) s'est exprimé dans l'interview accordée à un site hongrois sur la nécessité d'un empire Euro-asiatique dominé par la Russie, et qui inclurait la Roumanie, la Hongrie, la Serbie, la Slovaquie, l'Autriche. En anticipant la fin des Etats nations, le conseiller en question a précisé qu'un tel empire pourrait contrecarrer "l'influence de l'Occident nihiliste" (un son de cloche plutôt familier dernièrement..). Il a parlé d'un nouvel ordre mondial "bipolaire", d'une part les USA et l'Europe occidentale dirigée par l'Allemagne, et d'autre part l'Union Euro-asiatique, dominée par la Russie. D'après lui, la formation nationaliste hongroise Jobbik a une doctrine réaliste, car dans un monde globalisé il faut que les identités culturelles des individus soient défendues. Le traité concernant la création de l'UEE (l'Union économique Euro-asiatique) est entré en vigueur le 1er janvier 2015, et pour le moment, ses membres sont la Russie, l'Arménie, la Biélorussie, le Kazakhstan. Histoire à suivre..

Si je préfère le point de vue de l'article Adieu, les vacances en Grèce! Ses frontières seront fermées par Poutine et ses petits hommes verts, c'est parce que cela change un peu de l'enthousiasme médiatisé des politiques d'extrême gauche, ou du fade langage diplomatique des derniers jours.

 

Par son idéal assumé sans complexes, celui de tromper les citoyens et les créditeurs du pays, mais aussi par son but pragmatique -se rapprocher le plus possible de la Russie de Poutine-, Syriza et ses dirigeants populistes promettent de troubler les eaux de la Méditerranée, et aussi celles de la Mer Noire. Pratiquement, ce qui vient de se passer en Grèce montre comment un pays peut se diriger vers son propre effondrement, et comment il va devenir un danger pour les autres Etats de tout un continent.

 Le risque de contagion, les dysfonctionnements dans le mécanisme de prise de décisions à l'intérieur de l'UE, même la sortie de la Grèce de l'UE ne devraient pas être minimisés. Pour Moscou, tout cela représente une tête de pont. Le mélange toxique où entrent la corruption politique endémique, le manque de réformes, l'infiltration massive des réseaux d'influence et d'espionnage russes dans les domaines-clés de la société, ce mélange-là a produit, au moment opportun et sur le fond de crise de 2008, un basculement qui aura des effets à long terme et difficiles à évaluer. Nous parlons de la Grèce non pas parce qu'un nombre de populistes sans limites sont en train de renverser l'économie locale, mais surtout parce que, dans un endroit sensible de l'Europe occidentale, des extraterrestres qui commencent à faire les cent coups ont l'intention d'obtenir beaucoup plus. Ils veulent renverser un ordre qu'ils jugent révolu et le remplacer par du sang frais. L'ordre que l'extraterrestre en chef, Alexis Tsipras et son navire d'aventuriers intergalactiques essaient de renverser est bien celui de l'Etat de droit, de la société ouverte, et de l'économie de marché. Si nous écoutons notre intuition, Tsipras & Co soutiennent ardemment internationaliser leur démarche. Ce type de "cosmopolitisme" est propre à toute société communiste, et pour la Grèce d'aujourd'hui, c'est exactement de cela que nous parlons. Malheureusement, la storytelling servie a séduit un électorat convaincu définitivement, et ce en raison d'une crise énorme et des dirigeants très faibles. Les chimères sont plus crédibles que les chiffres. Certainement, les Grecs, y compris ceux qui ont voté pour Syriza ou autres tumeurs de ce type très bien vues à Moscou, vont regretter ce choix, mais il sera trop tard. Les promesses tonitruantes tiendront en échec les esprits engourdis encore pour quelque temps. Les nouveaux leaders n'auront pas besoin de trop d'imagination pour invoquer le lourd héritage. La conspiration internationale dont le but était de mettre la Grèce à genoux deviendra un sujet de film de propagande. Enfin, l'aide importante que Poutine offrira aux petits hommes verts d'Athènes (s'il n'est pas vaincu bientôt) influencera le jeu politique et l'état d'esprit de la nation. 

Avec une dette effrayant même l'économie américaine, le nouveau gouvernement grec promet l'augmentation des retraites, des centaines de milliers d'emplois, du lait, du miel, de la prospérité sur toute la ligne, en même temps que le contrôle de l'Etat protecteur sur tout ce qui bouge, banques, compagnies. D'autre part, Syriza et ses partenaires promettent une alliance avec la Fédération de Russie, car, n'est-ce pas, le rêve européen est mort. 

En Grèce, le long mais sûr chemin vers une nouvelle dictature a été ouvert dans les acclamations de millions de citoyens qui ont vu le salut dans Syriza, le Messie dans Tsipras. Ce n'est qu'une question de temps, et l'inévitable deviendra réalité. Le moment où le Pouvoir pourra justifier les pressions sur la presse qui ne respecte pas la ligne officielle, et sur toute forme de dissidence. Le moment où les "agences étrangères" (comme disait Ceausescu) feront l'objet de la haine quotidienne, comme à Bucarest avant 1989, et à Moscou avant 1989, mais aussi après et pendant les mandats de Poutine. Ce moment-là est si proche, que nous avons le vertige rien qu'à penser à ce que les Grecs viennent de voter. Non seulement la prospérité ne sera pas au rendez-vous, mais son absence prendra une forme plus dramatique encore que tout autre programme d'austérité. La principale source de revenus pour la Grèce est le tourisme. Alors, imaginons que le nombre de touristes diminuera ne serait-ce que de 30%.. Néanmoins, il est possible qu'en fonction du zèle avec lequel Syriza va mettre en place son programme, l'effondrement de ce secteur soit encore plus catastrophique. 

 
 

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