Le nouveau Rideau (05/05/2014)

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En réfléchissant aux sujets d'actualité susceptibles de m'intéresser afin d'écrire quelques lignes sur ce blog, je n'arrivais pas à me motiver. D'abord, parce que je n'ai pas trouvé de "solution créative" au financement dont ma petite entreprise aurait besoin pour rester à flot, ensuite, parce que tout me semblait, pour ainsi dire, dérisoire. Les élections européennes, encore moins amusantes que les municipales, et les "débats" diffusés sur Euronews entre les candidats à la présidence de la CE me laissant de marbre (je me demandais pourquoi Monsieur Juncker tenait absolument à avoir aussi ce poste, au lieu de faire des randonnées, ou que sais-je encore, eh bien, c'est pour servir, comme tous ceux qui se bousculent vers les lieux de pouvoir). J'ai pourtant regardé avec un sentiment de résignation cette vidéo montrant les députés européens qui pointent à 7 heures pour repartir aussitôt, et qui empochent en tout plus de 14.000 euros mensuels pour nous représenter -pas étonnante la bataille des listes, tout le monde veut servir, comme je disais..).

Alors, j'ai décidé de résumer cet article paru dans la presse roumaine, à propos de la nouvelle guerre froide qui prend contour à la frontière Est de la Roumanie.

Dans un contexte régional nouveau, le pays sera constamment soumis aux pressions et aux tentatives d'intimidation exercées par Moscou, et cela d'abord à cause de la Moldavie. La Roumanie devra être à la hauteur de son statut de gardien des frontières occidentales, et c'est pourquoi elle ne pourra se permettre d'être un Etat ruiné à l'intérieur par la corruption et les groupes mafieux qui parasitent ses institutions, dévalisent son économie, bafouent ses libertés. Indépendamment de ce qui se passe actuellement en Ukraine, les choses semblent avoir été décidées. Un nouveau Rideau de Fer s'apprête à être tiré sur l'Europe, entre l'Occident et la Russie, mais cette fois-ci, la Roumanie se trouvera (normalement..) du bon côté du Rideau. Il y a quelques semaines, le NYT publiait un article concernant la stratégie du président Obama à l'égard de la Russie: le président américain va passer le restant de son mandat à essayer de minimiser les dégâts causés par Poutine, à maintenir le minimum de coopération pouvant être sauvé, et à ignorer le maître du Kremlin. Or, cette politique d'isolement ne serait autre chose que la réactivation, avec les moyens du XXIe, de la politique de containment,  telle qu'elle avait été formulée par George F. Kennan en 1947, et la Maison Blanche ne fait aucun secret du fait que rétablir la guerre froide représente son objectif à long terme. 

La conséquence stratégique à court terme est que l'Ukraine, dans sa majorité, est perdue, tout comme la Moldavie, en tant qu'union entre la Bessarabie et la Transnistrie. Récemment, Sergueï Lavrov, le chef de la diplomatie russe, a réaffirmé "la doctrine Medvedev" formulée lors de la guerre en Géorgie, en 2008, à savoir le droit de la Russie de défendre les citoyens russes à l'intérieur et à l'extérieur des frontières, ainsi que "les intérêts privilégiés de la Russie" dans l'ancien espace soviétique, et Poutine n'hésitera pas à appliquer la doctrine soit dans l'est et le sud de l'Ukraine, soit en Transnistrie.

 

Donc, à partir de maintenant et pour une longue période, la Roumanie représentera de facto la frontière Est de l'Occident. Ce nouveau statut forcé par Moscou et accepté par Washington crée de nouvelles responsabilités pour Bucarest. Si la Roumanie souhaite continuer à bénéficier de la sécurité garantie par l'OTAN et du développement offert par l'appartenance à l'UE, elle devra jouer selon les règles de l'Occident. Ce qui signifie la consolidation de l'Etat de droit, où les règles soient respectées, et non pas modifiées ad-hoc, selon les intérêts de la clientèle et des dignitaires corrompus, où la justice soit indépendante et non asservie par les catégories de surhommes politiques immunisés devant la loi pénale. Lorsque Victoria Nuland a affirmé que les US allaient se concentrer sur la lutte anti corruption dans les Balkans et l'Europe de l'Est, elle voulait dire que le gouvernement américain avait enfin compris à quel point l'ampleur du phénomène dans la région menaçait la stabilité des Etats. Un Etat vulnérable à la corruption, aux tentations et aux pressions venues de la Russie ne pourra fonctionner comme gardien des frontières de l'Occident.

L'apparition de cette nouvelle forme de guerre froide, qui est en train de changer la donne géopolitique en Europe, met davantage de responsabilités sur les épaules de la Roumanie, qui pourra être mise, tôt ou tard, dans la situation de choisir. Avoir pour alliés des Etats quasi échoués sur lesquels on ne peut compter, ce serait prendre des risques. Secouée économiquement par la crise, l'Europe ne pourra continuer à aider financièrement des pays qui ne respectent pas ses critères politiques, ses valeurs fondamentales. A un moment donné, il pourra être demandé à un pays membre de choisir son camp: du côté de l'Occident et de l'OTAN, ou du côté de la Russie et de leurs clients. Le danger pour la Roumanie, c'est l'armée des barons impliqués dans des affaires, les groupes d'intérêts. Ils sont le produit du communisme, qui a engendré le régime de Moscou dirigé par des oligarchs, des gens du KGB, de la nomenklatura et de la Mafia. 

 

Voilà les opinions que partage cet article. Dans les grandes lignes, il serait difficile de ne pas reconnaître leur justesse. Personnellement, j'atténuerais quelques touches, à savoir celles qui font référence à une Europe politique, puisqu'il est évident que cette Europe n'est qu'un leurre, elle n'existe pas en réalité. Et nos eurodéputés qui se bousculent pour y entrer savent, sans aucun doute, qu'ils ne risquent pas leur vie, sauf un peu de temps, mais, comme c'est (trop) bien payé, ça va..

 

18:41 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ukraine, frontière est, roumanie, russie, ue, otan |  Facebook | |  Imprimer