Les enjeux des élections européennes pour la Roumanie (20/05/2014)

élections européennes, enjeux, Traité libre échange, extrémisme, xénophobie, anti américanisme, Roumanie

Update 25. Le FN en France réussit à l'emporter haut la main: 25% (28,8% dans la région où j'habite..). Première tâche qu'il se propose: "former un groupe au PE et bloquer le TTIP", affirme l'un de ses dirigeants. "La France étonne le monde", continue-t-il avec fierté nationale, et j'écoute paralysée ce discours, même si je m'attendais à la victoire du FN, bien sûr.  

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(Mes photos: Carrousel jardin Albert 1er à Nice)

 

 

Vue de France, où je m'efforce de vivre et de travailler depuis bientôt 22 ans, et où je vote avec ce qu'il me reste de conviction (aux municipales et aux européennes..), l'analyse de mon compatriote journaliste à propos des prochaines élections (l'importance pour la Roumanie, la relation avec les US, la relation avec la Russie, la montée de l'extrémisme et de la xénophobie en Europe) me paraît juste. Quelques extraits plus loin.

 

La question est lequel des deux candidats aux chances réelles à la présidence de la CE conviendrait le mieux pour la Roumanie? C'est Mr.Schulz que soutient l'actuel premier ministre roumain Victor Ponta. Mr.Juncker est le choix évident de la Chancelière allemande, dont le parti CDU/CSU représente la force la plus importante au PPE. A la différence de Mr Barrroso, Mr Schulz a été assez ambigü lors des attaques contre l'Etat de droit en Roumanie, en juillet 2012. Mr Juncker ne sait pratiquement rien sur la situation en Roumanie, en plus, il est l'adversaire déclaré de l'élargissement, ce qui soulève des interrogations à propos de la Moldavie.

Malheureusement, en égale mesure Mr Schulz, Mr Juncker et Mr Verhofstadt sont antiaméricains. Si la position du candidat belge consiste à construire une identité culturelle et européenne par opposition aux US, les deux autres candidats, bien que plus modérés, n'en sont pas trop éloignés. Au cours des débats télévisés de cette semaine, les candidats ont rivalisé de scepticisme à l'égard du Traité de libre-échange entre l'UE et les US. Pendant que Mr Juncker a affirmé qu'il voulait "négocier d'égal à égal" avec les Américains, Mr Schulz a laissé entendre que sous sa présidence il ne leur ferait pas de concessions. Or, ces positions ne servent pas les intérêts de la Roumanie, qui espère ajouter au Partenariat stratégique une composante économique importante. Dans les conditions d'une menace russe imminente, l'intérêt de la Roumanie est de consolider ses relations avec les US. Mr Juncker et Mr Schulz sont plutôt ancrés dans l'antiaméricanisme européen qui date de l'ère George W.Bush. Il est vrai, l'antiaméricanisme est très populaire au sein des électeurs de l'Ouest et beaucoup de choses vont changer lorsqu' un candidat occupera le poste de président de la Commission, mais la distance des deux candidats par rapport à la relation avec les US est préoccupante.

Pour ce qui est de la relation avec la Russie, aucun des candidats ne semble avoir une idée claire. Selon Mr Juncker, "nous devons continuer à parler avec Poutine", même si la Russie va diviser le sud et l'est de l'Ukraine, et Mr Schulz défend la position de Gerhard Schroeder, l'ancien Chancelier devenu le lobbyiste de Vladimir Poutine. Le président de la CE n'a pas vraiment d'attributions de politique externe, mais son influence est décisive, comme on a pu le constater lors de la crise politique de l'été 2012 en Roumanie, quand Mr Barroso était intervenu pour sauvegarder l'Etat de droit. Une attitude plutôt relâchée de Bruxelles vis-à-vis de la Russie serait de nature à inquiéter des pays comme la Pologne, la Roumanie, les p ays Baltes. Plus grave encore, le leader des socialistes européens, le Bulgare Sergei Stanishev a mis notre pays voisin à un cours de russification accélérée..(..)

La Roumanie est devenue la protagoniste de la campagne xénophobe des partis extrémistes de l'Europe de l'Ouest. Le leader UKIP, Nigel Farage, parle du "crime organisé" en Roumanie, et dit qu'il ne veut pas avoir de voisins roumains. Mr.Farage n'a pas de problèmes avec les immigrés des pays Arabes, du Pakistan ou d'Afrique, parce que ceux-là, aussi invraisemblable que cela puisse paraître, votent UKIP, mais il a un problème avec les Roumains. Ce courant anti roumain est soutenu par le Hollandais Geert Wilders et par le leader du FN Marine Le Pen. La montée des partis xénophobes et anti européenns est une menace pour les intérêts de la Roumanie. D'autre part, le succès des populistes obligent les partis du courant dominant (mainstream) à durcir leur position à l'égard des immigrés en général, et des Roumains en spécial. Conséquence pour la Roumanie: l'adhésion à l'espace Schengen sera encore plus difficile. Le gouvernement actuel (Victor Ponta) a renoncé à toute démarche liée à ce dossier, et le succès de l'extrémisme xénophobe ne facilitera pas les choses. Deuxièmement, tous ces partis manifestent une curieuse affinité pour Poutine et pour la Russie, ce qui représente une sérieuse menace à l'adresse de la sécurité nationale de la Roumanie. Enfin, dans ce contexte extrémiste, il est choquant que le PSD roumain ait choisi pour ces élections européennes des slogans nationalistes tels "Fiers d'être Roumains" et "Pour une Roumanie forte dans l'UE". C'est comme si le PSD avait récupéré le message anti européen des adversaires de la Roumanie..

 

20:36 | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : élections européennes, enjeux, traité libre échange, extrémisme, xénophobie, anti américanisme, roumanie |  Facebook | |  Imprimer