Schengen, de nouveau (04/03/2013)

Je viens de lire dans la presse roumaine que l'Allemagne et sept autres pays s'opposeraient à l'entrée de la Roumanie et de la Bulgarie dans l'espace Schengen. En 2007 sur le territoire de l'Allemagne vivaient 64.000 réfugiés et immigrés roumains et bulgares, en particulier des Roms, et aujourd'hui, leur nombre serait de 180.000, selon Deutsche Welle. Les Allemands craignent que l'entrée des deux derniers pays dans la zone Schengen ne contribue à augmenter encore ce nombre, ce qui pourrait affecter le système allemand de protection sociale. Je ne crois pas que cela soit la véritable raison, il y a une beaucoup plus importante:  la sécurisation des frontières européennes contre la contrebande et le trafic en tout genre qui prospèrent grâce aux clans mafieux et aux interlopes nombreux et bien organisés. Ceux-ci ne sont pas trop inquiétés par la justice, laquelle justice a ses propres problèmes de pouvoir, de personnalités et de partis à régler.. Sinon, elle est très indépendante, comme il convient dans un Etat de droit.. Voilà ce qui fait peur à l'Europe, et c'est normal.

La réaction de l'actuel ministre roumain pour les Affaires Etrangères est, à mon humble avis, typique de la stratégie préventive "du discount" ou "du raisin vert" pour maintenir l'Estime de soi. Il aurait déclaré sur la chaîne "Realitatea Tv" que, au cas où notre adhésion à l'espace Schengen serait de nouveau reportée (normalement, elle est sur l'agenda JAI -Justice et Affaires Intérieures- pour les 7-8 Mars prochains), la Roumanie n'est plus intéressée par le processus..
Ces affirmations ne sont pas restées longtemps en ligne, elles viennent d'être remplacées par l'intervention en Live du président Basescu, qui, lui, s'empresse de souligner que l'entrée dans Schengen représente un objectif majeur pour la Roumanie, essentiel pour son économie, que les enjeux qui consistent à placer la frontière de l'UE à nos frontières sont primordiaux, de loin plus importants que l'adoption de l'euro, et que nul sacrifice ne serait trop grand pour y parvenir. Les coûts que supposerait  la lutte anti-corruption sont sans importance par rapport à la nécessité d'avoir la frontière de l'UE avec la rivière du Prout (Prut) et avec l'Ukraine. Il faudrait obtenir auprès de JAI une autre date, peut-être septembre ou décembre prochain, sinon, aller de nouveau au Conseil de l'Europe. 
 
Il faut reconnaître que "le coup démocratique" de Juillet dernier, auquel le président Basescu a miraculeusement survécu, n'est pas pour arranger les choses, bien au contraire, le dilettantisme, l'incompétence, les déclarations patriotardes souvent infantiles et anti-européennes de l'équipe en place, à quoi s'ajoute la guerre interne au sein de la Justice, ne rendent possible aucune continuation d'un quelconque travail.. D'ailleurs, à chaque changement d'organigramme ministériel, tout repart à zéro, toute personne nouvellement nommée commençant par changer les meubles de place. Le vrai problème est que l'UE réalise parfaitement les risques éventuels dans l'adhésion des deux derniers, mais elle ne s'est pas montrée non plus à la hauteur de ce que le plus large nombre avait espéré au moment de l'adhésion, en 2007. On a obtenu une superposition de la technocratie européenne et de la bureaucratie nationale, qui en tout cas, pour la Roumanie, est inquiétante. A l'heure actuelle, il est un peu tard. L'Europe a beau multiplier les mécanismes de contrôle, les avertissements, etc., la Roumanie est en train de s'arrêter carrément, avant d'amorcer un quart de tour en arrière..

18:50 | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : schengen, ro, bg |  Facebook | |  Imprimer