My first 10-year US Visa
01/06/2022
(Mes photos- Voyage aux States, novembre-décembre 2021. Greenville, Dr.Charles Hard Townes)
L’avantage d'un blog lancé parmi les premiers (en 2004) et que vous alimentez régulièrement, c’est que vous pouvez bénéficier de la mémoire des Archives qui stockent les événements et vos expériences –professionnelles, émotionnelles. C'est dans sa version pour ordinateur que mon blog elargissement-ro.hautetfort.com (plus de six cents notes) permet de retracer un projet et une histoire grâce aux documents, aux témoignages, aux liens, qui sont classés par catégories, dans des colonnes faciles d'accès. Je n'ai d'ailleurs pas opté pour sa remise à jour dans une nouvelle formule, proposée par la plateforme d'hébergement. L'application pour mobile ne permet pas de voir les catégories, les documents, etc. La description qui figure en haut du blog en résume le contenu : « Quelle place dans le nouvel espace euro-atlantique ? Invest in Lifelong Training ! CEFRO (France) needs investment ». En 2022, la deuxième partie de la description n’est plus vraiment d’actualité (CEFRO a limité son activité et ne recherche plus de fonds), mais pour la formulation de la première partie, j’ai été assez visionnaire. Bien sûr, je n’avais pas imaginé que les Russes déclencheraient une guerre en Europe, mais je pensais à l’orientation de la Roumanie. Aujourd'hui, la question de l’espace euro-atlantique semble primordiale. Après trois mois de guerre en Ukraine, on commence à percevoir le clivage : comme écrit mon compatriote Andrei Caramitru, la France et l’Allemagne, le moteur de l’UE, jouent dans le camp de la Russie. L’Europe s’est fracturée définitivement : d’un côté les anciennes puissances impériales européennes – la Russie, la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Autriche-Hongrie -, de l’autre les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la Pologne, l’Ukraine, les Pays Baltes (soutenus par les autres pays de l’Est et par la Suède et la Finlande).
J’ai retrouvé dans les Archives de 2007, l’année de l’entrée de la Roumanie dans l’UE, une note sur mon premier Visa américain de dix ans. J’en suis maintenant au deuxième, et je compte le renouveler, malgré ma phobie de l'avion, car mon fils a raison : « On ne sait jamais ». En la relisant, j’ai tout revu, revécu. Comme je disais, c’est le pouvoir des souvenirs stockés sur un support écrit. Voici la note.
« Mon rendez-vous enregistré il y a plus d'un mois, j'arrive de Nice par le train bleu de nuit dans un Paris sous la pluie - mais quelle pluie! Heureusement, je suis équipée pour la circonstance, après avoir vérifié la météo sur le net. Je ne m'éloigne pas trop du quartier: quelques pas sur les Champs-Elysées qui conservent les gradins et les drapeaux du 14 Juillet, un moment de répit dans l'Eglise de la Madeleine, un autre dans une librairie anglaise, en face des Tuileries, un tour dans la rue Saint-Honoré, où je me réchauffe chez Le Castiglione, avec un chocolat chaud et une tarte aux fraises (ça coûte une petite fortune, à mes yeux, mais je dois le mériter, après la tension que je viens d'éprouver en attendant mon numéro pour passer deux fois et exposer le but de mon séjour et répondre aux questions...). Vers 16 heures, le soleil commence à chasser les nuages, je ne sais pas d'où sort tout ce monde qui remplit les allées des Tuileries jusque-là désertes, je demande à un Japonais de me prendre en photo, et je m'installe au bord du lac, mes petites bottes ayant droit, elles aussi, à une prise de vue.
Le train bleu du retour est à 21 h, Gare d'Austerlitz, donc je profite du Jardin des plantes, après avoir grignoté un morceau chez McDonald's (je ne mange jamais chez McDonald's, mais là, mon inconscient a voulu exprimer sa sympathie, sans doute...). Tout va bien côté train, je veux dire chez la SNCF - conditions confortables en soi, oreiller, sac de couchage, bouteille d'eau, le distributeur café en fonction-, c'est moi qui ai dû oublier mes vertiges, et occulté complètement la possibilité d'un vol aller-retour Nice-Paris. Trop cher, j'ai dû me dire, sans même vérifier, comme si j'avais tenu absolument à refaire l'expérience de mon premier voyage en train, à travers l'Europe, deux jours et deux nuits, en '90, pour arriver à Nice...Ou peut-être pour boucler une boucle, mais autrement, car tout impressionnant que soit un rendez-vous au Consulat US (contrôles, exactitude, coordination des agents), les centaines de personnes demandant un visa me rappellent les étrangers qui se massaient dans le hall de la Préfecture des Alpes-Maritimes...Mon trauma de Roumaine expatriée n'est plus à vif, mais pas mort, non plus.(…) »
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