La Roumanie irrespirable...
15/09/2017
(Mes photos - Vue de la fenêtre de l'hôtel de l'aéroport, Bucarest)
On dirait qu’il n’y a jamais eu en Roumanie un marasme plus fort et plus suffocant. Les institutions sont en régression, la population se résigne. L’Etat roumain glisse dramatiquement dans une zone de médiocrité agressive. Le bon sens, l’esprit critique, la décence, la compétence de base sont suspects. Le parti social-démocrate [le parti qui gouverne, et d'ailleurs synonyme de parti unique, car l'opposition est quasiment inexistante] représente la Roumanie à petite échelle, la Roumanie pour laquelle la liberté économique et la liberté intellectuelle n’ont aucun sens, et qui n’est qu’une succession de fiefs locaux, d’ensembles de communautés décrépites et dépeuplées, maintenues dans une perpétuelle dépendance par l’action de l'Etat devenu une Kleptocratie. Le parti social-démocrate représente cette Roumanie anesthésiée par les télévisions et rendue hystérique par les débats faits de calomnies, de vociférations et d’attaques ignobles. Il est l’héritier du Front du salut national de 1990, de l’ancien parti communiste, il est l'ennemi le plus redoutable de la modernité dans ce pays. Nous menons un combat quotidien contre la tentation du silence et de la résignation, en nous accrochant aux paroles de la liberté, dernier rempart. A ce stade du marasme, la critique devient un exercice sans importance, qui s’adresse à une nation indifférente à sa propre régression.
J’ai résumé et adapté un article publié sur le site contributors.ro. Bien sûr, les lecteurs roumains sauront reconnaître parfaitement les réalités auxquelles il renvoie, mais ce n’est pas cela qui va changer quoi que ce soit, au point où nous en sommes. Le pays se vide, des centaines et des milliers de roumains le quittent chaque mois. Les compétences manquent: non seulement des médecins (la Roumanie a le taux le plus élevé de mortalité due au cancer, elle n’a que quelques médecins oncologues, elle n’a pas d’équipements pour les traitements, ni de médicaments, et elle tue, professionnellement parlant, même le peu de médecins téméraires qui, formés dans des cliniques occidentales, reviennent travailler dans les hôpitaux roumains catastrophiquement gérés..), mais aussi des plombiers, des ouvriers en bâtiment. A un moment donné, il n’y aura pas une autre solution que de les remplacer par des migrants venus du tiers monde. Et ce sera l’effondrement garanti de ce pauvre pays (européen).
Je ne sais pas dans quelle mesure ce que traverse la Roumanie à ce jour préoccupe les institutions internationales dont elle fait partie, depuis une dizaine d’années. Certains officiels roumains inconscients se sont exprimés pour la suppression du Mécanisme de coopération et de vérification -MCV (je dis inconscients, car en parcourant ce document officiel, et en le recoupant avec la vraie réalité, et non celle qui figure dans les rapports bureaucratiques, je ne vois pas beaucoup de coïncidences). Ils ont aussi déposé une candidature pour que Bucarest accueille l’Agence européenne du médicament (en compétition il y a des villes normales, comme infrastructures, trafic - Helsinki, Amsterdam, Stockholm, Barcelone, Paris..). Mais la cerise sur le gâteau, c’est que la Roumanie attend la confirmation de sa candidature à l’OCDE! Elle remplit les critères, nous dit-on.. Et tout cela à un stade de régression réelle jamais atteint jusque-là.. Ce qui fait peur, en l’occurrence, ce n’est pas tant la Roumanie, mais les institutions internationales qui, dans leur routine spécifique, et en fonction de critères et d’intérêts moins transparents, ou carrément étranges, lui ouvrent l’accès, au lieu de la regarder de plus près, telle qu'elle est. En immersion, si possible.
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