Brève lettre ouverte au Gouvernement roumain (15/09/2006)

Monsieur le Premier Ministre,
Ceci n'est pas ma première lettre ouverte adressée aux responsables politiques roumains. Quelques unes figurent sur mon blog, http://elargissement-ro.hautetfort.com (par exemple, en tapant sur www.google.fr "premier ministre+gouv.ro" on peut trouver  l'une d'entre elles, datée du 04/03/2004, sur les démarches auprès de l'Agence nationale pour les PME et les réponses de l'équipe gouvernementale précédente).
Très prochainement, notre pays adhérera pleinement à l'Union Européenne. Quelqu'un qui se trouvait à Bucarest il y a une semaine m'a dit à son retour en France que, question intégration, "il paraît que l'affaire est dans le sac".
Je fais partie de ceux qui s'en réjouissent profondément et sainement. Ce n'est pas le cas de tout le monde, ni chez nous, ni dehors, bien que pour des raisons différentes.
En même temps, un aspect aussi sensible que celui dont parle l'article de presse Fondurile europene se duc pe apa Sâmbetei  (que j'ai traduit plus loin) devrait constituer une préoccupation primordiale. Comment utiliser tous ces fonds qui vont nous tomber dessus? On découvre, comme dans un conte bien connu, que l'empereur est nu... La Roumanie n'a pas assez de spécialistes. Je remarque qu'en revanche, elle a beaucoup de nouveaux riches. Bien entendu, devenir riche en Roumanie doit logiquement prendre moins de temps que pour devenir spécialiste. D'ailleurs, le top de nos milliardaires (en euros) a toujours fait les choux gras de notre presse. On dirait que c'est le vrai indicateur de l'intégration de la Roumanie.
Cette fois-ci, je me permets de vous écrire parce que je viens de déposer une candidature auprès d'un organisme européen pour la formation. Je suis convaincue que vous y reconnaissez une preuve de plus de ma motivation constante, surtout dans ce contexte actuel spécial qui exige pour la Roumanie de la formation de cadres spécialisés.
Enfin, je ne peux m'empêcher de penser à tant de jeunes Roumains qui pourraient être nos spécialistes d'aujourd'hui et de demain, et qui font le choix de s'expatrier parce que leur idéal professionnel ne trouve pas de terre fertile. Ceux qui ne s'expatrient pas, ce sont nos nouveaux riches. Ils prospèrent personnellement, dans un pays qui lui, n'arrive pas à prospérer, et cela, comme on le voit bien, non pas faute d'argent...Si, pour résumer la situation, on avait à choisir entre l'absurde et le cynisme, on chercherait certainement du côté de Kafka, de Ionesco, ou de Cioran (et peut-être que l'on trouverait que ce n'est pas un hasard que les deux derniers sont Roumains...).   
Je vous prie d'accepter, Monsieur le Premier Ministre, l'expression de mon entière considération.
Carmen Serghie Lopez
"Les fonds européens s'en vont à vau-l'eau.
L'Union Européenne "menace" la Roumanie d'une vague de fonds que notre pays ne pourra assumer. La raison en est simple: nous n'avons pas de spécialistes qui soient capables de réaliser les projets nécessaires à l'absorbtion des fonds. Donc, nous voilà en danger de perdre presque 70% des milliards qui se dirigent vers notre pays.
Conformément à une étude de l'Institut Roumain pour la Formation, il nous faudrait, pour que cette absorbtion des fonds soit efficace, environ 10.000 spécialistes en fonds structurels. Malheureusement, la Roumanie n'est pas efficace  et elle ne dispose que de 1000 personnes qualifiées dans ce domaine. La conclusion est claire: les projets sont trop complexes pour nous, et nous voici mal préparés au seuil de l'adhésion."
Source: Quotidianul
 
P.S. Récemment: Les tensions politiques à Bucarest inquiètent Bruxelles
LE MONDE | 16.09.06

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