Romania (05/07/2006)

Lorsque j'arrive de France en Roumanie, je me sens dépaysée pour ce qui est de la qualité des produits: alimentaires, cosmétiques, etc. (des services aussi, bien que des améliorations existent). Pour ce qui est du système de santé, c'est un roman en soi. En revanche, je ne me sens pas dépaysée lorsque je peux suivre en direct la  politique roumaine, puisque je retrouve certains schémas communs dans le relationnel, le clientélisme, les luttes intestines du pouvoir. C'est le faire qui est quelque peu autre, la petite soeur latine ayant l'air plus proche de l'univers des films de Kusturica.
Par exemple, nous avons, nous aussi, une affaire de frégates. Des bruits couraient (et des quotidiens britanniques soutenaient) que des commissions (ahurissantes) avaient été versées pour leur acquisition, mais le démenti officiel (en direct, toute la journée, à la télé) comme quoi rien n'a été versé (comme si cela était concevable...) a définitivement clos le sujet.
La mésentente entre le Palais de la présidence et le Palais de l'exécutif a atteint de nouvelles côtes. Notre Président et notre Premier se sont rendus dans les régions sinistrées après les récentes inondations, le même jour et apparemment sans être au courant l'un de l'autre, ils se sont rencontrés sur un pont, se sont salués et ont continué leur chemin, chacun de son côté. Séquence cinématographique, unique dans son genre. Cela prouve bien qu'ils ont les mêmes intérêts, a expliqué le Premier ministre. 
Le moment le plus intéressant a concerné le retrait de nos troupes d'Irak. Je suis restée collée devant le petit écran, la télévision transmettait en direct les déclarations officielles contradictoires des deux institutions de l'Etat. Le CSAT (Conseil Suprême pour la Défense Nationale) réuni en urgence a décidé que "la Roumanie ne pouvait pas du jour au lendemain changer la ligne de sa politique extérieure et laisser tomber ses partenaires de la Coalition qui sont déjà en difficulté, la Roumanie ayant besoin d'une forte relation transatlantique, aussi bien que d'une forte relation européenne." On parle de groupes d'intérêts et d'intérêt national, deux choses distinctes, à la veille du rapport de Septembre sur l'adhésion à l'UE.
Pour le reste, un pays dans lequel vous voyez affichée sur les portes du Bureau pour l'Evidence de la population (la Police, donc) une note comme la suivante, ne peut être que dans la bonne voie:
"Vous pouvez dénoncer les actes de corruption du personnel du Ministère de l'Administration et de l'Intérieur au No. 0800 806 806, la ligne téléphonique gratuite de la Direction Générale Anti-Corruption."

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