8 Mars empathique (07/03/2013)
Dans quelle mesure partageons-nous les émotions des autres? Nous savons aujourd'hui que percevoir la détresse d'autrui fait appel à un mécanisme mis en place dès la naissance, un mécanisme relativement primitif sur le plan évolutif, et qui joue un rôle crucial dans le développement de l'empathie et du raisonnement moral, en nous permettant, par la socialisation, de déclencher une inhibition des comportements agressifs. Ce mécanisme de détection de la détresse de l'autre est modulé chez l'homme de façon non-consciente (il peut être inhibé ou amplifié) par divers facteurs sociaux -relations interpersonnelles, appartenance à un groupe ethnique, politique, religieux.. Par exemple, une vidéo montrant des personnes porteuses du virus VIH mais pour des raisons différentes -partage de seringue ou transfusion sanguine - provoque des réactions différentes, les sujets étant beaucoup plus sensibles à la douleur des victimes de transfusion, qu'à celle des consommateurs de drogue. Selon des interactions complexes (contexte, motivation, personnalité, relations intergroupes), l'empathie peut entraîner de la sympathie envers autrui (mais ce n'est pas toujours le cas), une détresse personnelle, de l'indifférence, ou même le plaisir de voir son ennemi souffrir. Cela étant, par défaut, le spectacle de la souffrance d'autrui déclenche, chez les individus normaux (hors contexte de compétition) l'activation d'un certain réseau neuronal impliqué dans le traitement des informations aversives.
La violence faite aux femmes est un sujet d'actualité dans nos sociétés démocratiques qui redoublent d'efforts pour trouver des solutions. Il m'apparaît toujours assez paradoxal d'associer l'image de l'Inde présentée, dans une formule consacrée, comme "la plus grande démocratie" (j'y vois plutôt un jugement quantitatif -un milliard de personnes-, que qualitatif), avec la triste réalité du nombre ahurissant d'agressions dont sont victimes les femmes dans ce pays.. Il y a quelque temps, j'ai été invitée par une amie à déjeuner dans un restaurant indien, et j'avais bien apprécié la cuisine, en me promettant d'y retourner pour un poulet tandoori. C'était un peu avant l'information sur cette étudiante de New Delhi, décédée à la suite de l'agression collective qu'elle avait subie dans un bus.. Eh bien, je n'ai plus eu envie du tout de ce poulet tandoori au restaurant indien. L'adhésion ou le rejet qu'un fait provoque en nous sur le plan émotionnel peut déteindre sur d'autres compartiments, apparemment éloignés..Peut-être parce que notre besoin de cohérence est plus profond que l'on ne veuille admettre.
Mes choix pour ce 8 Mars: une très jolie jacinthe, et la chanson d'Adamo "Je veillerai sur toi" (pour pouvoir écouter, ouvrir avec Internet explorer et autoriser "Media player").
17:34 | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journée de la femme, empathie | Facebook | | Imprimer