Un samedi à Cannes (25/05/2006)

Je me rends compte que dernièrement j'ai atteint le breaking point...Il était temps et il y a de quoi. Peut-être que mon collègue du Canada a raison: "Carmen, prends la situation comme elle est, essaie de trouver quelque travail dans un village, aux environs de Nice..." Je me suis promis d'adresser une lettre à deux ou trois mairies.
Mais puisque j'ai toujours ma Carte solidarité Paca pour les voyages en train, et comme le Festival du film a lieu à côté, j'ai décidé de passer le samedi dernier à Cannes, juste pour l'atmosphère.
Cannes n'est réellement vivante qu'à ce moment de l'année, dans la fébrilité des enjeux et de la compétition. Autrement, ce n'est qu'une petite ville de luxe, pour les retraités de luxe (et là, une image me vient à l'esprit: la reconstitution artistique du corps du défunt, dans la série culte Six Feet Under...).
J'ai d'abord flâné dans les rues, en regardant les boutiques. Les formes et les coloris, cela détend. Je suis entrée à la Fnac pour un café sur la terrasse et pour détecter un éventuel coup de coeur, en matière de livres ou de CD. J'en ai eu deux, pour deux livres: "Les femmes qui lisent sont dangereuses", et "Eloges des femmes mûres, Confessions". Vraiment excellents.
Après, je me suis promenée sur la Croisette. Sur les façades des palaces et devant les entrées, des affiches géantes pour les films en concours. S'il existe une qui m'a laissée  indifférente, c'est bien celle de "Da Vinci Code". L'été dernier, j'avais lu le livre pour ne pas rester en dehors du phénomène, mais j'avais eu du mal à le finir... J'ai vu dans la presse roumaine en ligne que le film venait de sortir à Bucarest, et j'ai passé une heure entière à lire les opinions de mes compatriotes. J'ai constaté que ceux-ci n'étaient pas si bornés que ça, bien au contraire, mais que nos ecclésiastiques orthodoxes étaient, comme d'habitude, en retard sur les positions qu'il serait préférable de prendre en la circonstance et éviter le ridicule, leurs confrères catho ont été plus malins...
En longeant le village international, j'ai repéré le pavillon Roumanie-Bulgarie (là aussi, on fonctionne en tandem, mais en moins infernal...). Je n'avais pas de badge, alors je me suis accoudée à la barrière, en attendant qu'un regard se tourne pour lui adresser un "Hello...". Brève conversation avec un jeune homme, Roumain sans doute (je n'ai pas voulu parler en roumain et je l'ai laissé faire l'effort de me donner des renseignements en français- bien sûr que je sais pourquoi...). Je suis repartie en emportant une petite documentation. La Roumanie est présente avec trois films réalisés par de jeunes auteurs: "Marilena du P7", "Comment j'ai fêté la fin du monde", et "12:08 East of Bucharest", un court métrage (les sites web figurant sur la petite doc sont quasiment inexistants, alors je renonce à les signaler). Je parcours le synopsis et je pense que c'est le premier film que j'aimerais voir. "Andrei, un adolescent de 13 ans qui vit dans les environs de Bucarest, décide un jour de voler un trolleybus pour épater Marilena, une prostituée dont il est amoureux. Des choses qu'on fait par amour...(...) la vie des quartiers de Bucarest au début du 21e siècle, sans aucune intervention ni sur le paysage urbain, ni sur le paysage humain...le style de tournage, caméra à la main nous offre la possibilité de capturer des détails et des éléments authentiques...".
Peut-être que je pourrais le voir en Roumanie, cet été. Mon fils vient de m'offrir pour mon anniversaire un vol aller-retour. Donc, j'irai. C'est une joie triste ( mon oxymoron de circonstance), car j'y vais plus que jamais les mains vides (au sens propre et figuré), mais cela fait un an depuis que ma mère m'attend et qu'elle dépense sa pension pour me téléphoner sur mon portable...

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