Temps de crise, donc (I) (01/02/2009)

L'économie de la Roumanie aura une croissance de 1,75%, un déficit de 7,5% du PIB -Sa croissance en 2008 était de 7,8%. Le chômage prévu pour 2009 est de 7%, -le nombre de chômeurs atteindra 500.000. Pour le moment, le gouvernement déclare ne pas vouloir demander un prêt au FMI, pour lequel il devrait, en principe consulter l'UE.
A cause de la crise actuelle, les pays de l'Europe de l'Est risquent la destabilisation politique et des mouvements sociaux. Les autorités roumaines anticipent psychologiquement: "50.000 licenciements les deux derniers mois, le blocage de l'immobilier, la diminution massive des exportations, l'agonie du marché de l'automobile, de l'industrie alimentaire, du bâtiment, l'affolement des banques -le nouveau gouvernement commence son mandat dans la plus ingrate conjoncture économique des 80 dernières années" (le magazine InvestRomania que vous lisez sur l'aéroport de Bucarest).
Le fait que ce gouvernement est composé des plus riches personnages politiques/publiques depuis '89, évidemment, n'aide en rien. En plus, la crise est là pour les excuser d'avance... En même temps, comme toujours en pareille conjoncture, les plus fûtés sauront comment tirer leur épingle du jeu et continueront à prospérer.
Le quotidien Romania libera publie une série sur les réseaux du crime organisé en Europe de l'Est vingt ans après: Roumanie, Hongrie, Serbie, etc. On lit (on ne le sait que trop) que ces réseaux fonctionnent à l'ombre des anciennes structures de la Securitate. La Roumanie devient d'un pays de transit pour la drogue, un marché pour la consommation (la récente capture de 1200Kg de cocaïne à Constantza). S'y ajoutent: le piratage informatique, le trafic de personnes (prostitution, exploitation par le travail), les vols (voitures, matériaux, outillages, armement -voir le cas récent des 50 mitraillettes volées dans un dépôt de l'armée près de Bucarest, apparemment vol commandité à destination de zones de conflits externes) etc. Quelques caractéristiques: la Roumanie est le refuge des mafieux italiens, des  hommes politiques roumains entretiennent des connexions avec le monde interlope, tout comme des services secrets roumains avec les réseaux infractionnels. Les services secrets roumains se sont beaucoup diversifiés, en fonction des multiples groupes d'intérêts, ils sont nombreux, et le plus souvent se trompent de plates-bandes, par la force des choses... En Hongrie il paraît qu'il n'existe pas une Mafia dans le vrai sens du terme, mais des groupes criminels arabes, turcs, ukrainiens, albanais, chinois qui agissent sur le territoire, un cinquième des activités criminelles étant dirigées par des citoyens étrangers; traditionnellement, l'héroïne à destination de l'Ouest est le domaine des réseaux turcs, la prostitution et les clandestins le domaine des réseaux bulgares et roumains.
Je lisais hier dans le même journal un reportage sur le cas des garçons roumains qui se prostituent en France -sujet tabou, comme d'autres, et terrifiant, comme phénomène social, 50 euros ou un plat chaud.. Il faut dénoncer les choses, malheureusement on en reste là, en l'absence d'une stratégie sociale cohérente..En Roumanie, les institutions sont occupées de règle à noyer le poisson, quel que soit le sujet, c'est-à-dire, elles se préoccupent de ce qu'il faudrait dire et rapporter ailleurs, à l'UE en l'occurrence. 57% des plaintes à la Cour européenne des droits de l'homme viennent de: Russie, Ukraine, Turquie et Roumanie (Euronews). A l'UE, les eurocrates sont de règle dans leur bulle administrative lointaine et confortable, et parfois ils peuvent s'avérer susceptibles si vous les réveillez avec votre réalité. Pas d'issue, normalement.
P.S. Native American proverbs (a Touchstone Book, 1994): Man has responsability, not power (Tuscarora). 
P.P.S. Le récent ministre de l'intérieur vient de démissionner après seulement 12 jours (le précédent ministre, après 21 jours). Les politiques roumains s'entredéchirent, chacun voulant placer les hommes de son propre groupe d'intérêts. 

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