La surveillance/The Bug (15/08/2008)

 
En Roumanie, pays européen démocratique, la surveillance des citoyens n'a jamais faibli, bien au contraire, en prenant appui sur les moyens technologiques actuels, elle s'est amplifiée. J'ai eu l'occasion de réagir plusieurs fois contre les abus d'une surveillance qui est, bien entendu parfaitement légitime uniquement lorsqu'il s'agit de la sécurité de l'Etat. Mon destin personnel et professionnel entre la Roumanie et la France, et celui de mon fils entre la Roumanie, la France et les US n'ont absolument rien de menaçant à l'adresse de l'Etat roumain (nous sommes toujours citoyens roumains).
Je viens d'adresser une fois de plus une lettre au gouvernement roumain, au Ministère de l'intérieur et de la Réforme administrative (oui, c'est bien son nom..) pour signaler le viol et/ou l'arrêt de la correspondence que j'adresse depuis la France en Roumanie (Galati) aux proches qui me restent, ou que mon fils leur adresse depuis les US. L'écoute des téléphones est déjà de règle (Statul român a autorizat S.I.E. sã asculte fãrã mandat telefoanele românilor - une décision interne du Conseil Suprême pour la Défense autorise la mise sur écoute de toute personne et à tout moment, sans besoin de mandat, ainsi que le contrôle de toutes les communications sur Internet, en utilisant l'équipement le plus sophistiqué).
Bien que j'aie reçu la confirmation que ma pétition a été adressée au Ministère de l'intérieur, aux Service des renseignements, à la Poste nationale, et qu'elle sera traitée, je suis sûre que ma réaction est, une fois de plus, un coup d'épée dans l'eau, et que son unique bénéfice est celui d'avoir fait circuler également en bcc la lettre écrite en roumain et en français, en guise de témoignage.
Quelqu'un avec qui j'en parlais récemment remarquait que c'est justement dans un pays comme la Roumanie qu'il faut surveiller le citoyen ordinaire, c'est lui qui est potentiellement dangereux, et prenait l'exemple de l'Italie, où il arrive que la Mafia ait des accointances dans l'Etat, mais où elle ne se confond pas tout à fait avec l'Etat...
 
De toute manière, rien ne pourrait m'empêcher de considérer la réalité d'un regard lucide et surtout honnête, et de l'exprimer comme je peux. Il n'est pas question que de la Roumanie, malheureusement. Quand vous lisez que l'UE enjoint la Roumanie de dépenser 8 millions d'euros par jour afin que les fonds soient absorbés, et que vous savez fort bien qui et comment utilise cet argent, vous ne pouvez pas ne pas réagir, même si vous êtes un grain de sable qui croit toujours que la machine pourrait être enrayée (UE ordonã României: cheltuiþi 8 milioane de euro pe zi! ). La machine, ce n'est pas que la Roumanie, je répète, mais également l'institution mammouth qui verse des millions démocratiquement, sans se soucier vraiment de ce qu'il en est (d'accord, on en voit pire - les aides qui tombent dans le désert, et les villas des présidents sur la Côte, et leurs comptes ailleurs, pendant que la démocratie se règle à la machette...etc, etc.).
En réfléchissant les yeux ouverts sur la marche de notre monde, j'affermis ma conviction que la justice et l'intégrité peuvent exister, mais seulement au niveau de l'individu dans la structure, et non pas au niveau des institutions. C'est-à-dire, à un moment donné, c'est un individu qui dit non ou oui à quelque chose, et c'est ce qui permet, d'ailleurs à la conscience de ne pas disparaître complètement du monde, et de faire avancer imperceptiblement mais constamment la pointe d'un triangle ou d'une pyramide imaginaire dont la base serait l'humanité, au sens large. J'ai de plus en plus le sentiment de vivre dans un monde où c'est la contre-façon de la démocratie qui a cours, en tout cas dans un monde fait de mots mais d'où le contenu s'est retiré..
Ma chanson de la semaine: Dire Straits/The Bug. Je viens de m'offrir le DVD "On the night"/1992, et j'écoute en boucle...The Bug! http://www.youtube.com/watch?v=_0wkxYUdT2c

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