Fin d'année 2018
21/12/2018
(Mes photos -Les Galeries Lafayette)
Depuis décembre 1989, chaque période de Noël déclenche en moi le souvenir de ces jours-là, quand l’espoir et la naïveté des uns se mêlaient à la manipulation violente et aux mises en scène cyniques des autres. Ces derniers ont survécu à la « Révolution », ils ont assis leur pouvoir sur le mensonge, le pillage et le chantage, et, pendant vingt-huit ans, ils ont rongé le pays à l'os, en arrivant à restaurer la dictature communiste qui, à ce jour, laisse voir son visage hideux. (Communism is alive and well in Romania's leaders). En ce moment même, la justice, dont l'indépendance était déjà un leurre, vient de succomber officiellement, suite à l'amnistie qui mettra fin aux dossiers de corruption, sans aucun souci des avertissements envoyés par Bruxelles.
Toutefois, il ne faudrait pas s’étonner que, malgré son état de fragilité absolue, d’effondrement économique, social et moral, le pays va présider l’Union européenne à compter du 1er janvier prochain. Simplement parce qu'il s’agit là d’un mécanisme qui est enclenché, pareil à celui qui fait qu’une dictature islamique arrive à présider le Conseil des droits de l’homme et la Commission des droits des femmes.. Certes, il est stupéfiant de voir comment le chef du Parti unique roumain, l’ancien Parti Communiste devenu l’actuel Parti Social-Démocrate, tient un discours profondément anti-européen et anti-occidental dont Ceausescu même serait jaloux. Tout comme d'apprendre que l’impensable s’est produit dans l’espace diplomatique : l’assassinat d’un journaliste dans le consulat de son pays à l’étranger, sur l’ordre de l’autorité suprême de son pays. On aurait grand besoin d’un Manuel de morale en politique à l’intelligence des nuls. Cet assassinat m’a tellement choquée et bouleversée, que j’ai tenu à m'assurer que mon fils, qui devait se rendre à Washington au Consulat pour renouveler son passeport roumain, y entrerait avec son épouse et sa fille. Il a ri. Ils vont profiter de ce weekend pour visiter deux-trois musées de la capitale. Mais, pour dire à quel point ma confiance raisonnée s’est trouvée ébranlée, j’ai décidé de publier la présente note après leur visite au Consulat, je ne plaisante pas..
Quant à l’épisode des Gilets jaunes qui marque cette fin d’année, je l’ai suivi en prenant beaucoup de distance, et ce pour deux raisons élémentaires. Premièrement, j’ai un titre de séjour permanent, donc les manifestations ne me concernent pas. Deuxièmement, je suis au-dessous des Gilets jaunes, ce sont des nantis pour moi.. C’est la partie française de mon destin, et je ne souhaite plus en parler. Je me rends compte, avec le recul, qu'il y a eu une réelle forme de courage dans la persévérance avec laquelle je m'étais battue pour défendre mon projet européen de formation entre la France et la Roumanie (et dont ce blog est le témoignage). Cela parce que je ne connaissais pas vraiment le fonctionnement du système français, que je sortais d'un totalitarisme et que je me croyais en liberté - entreprendre, avoir une initiative, m'exprimer, etc... Avec le temps, j'ai compris que ce n'était pas tant le politique qui comptait, car celui-ci pouvait changer, mais une certaine technostructure, qui elle, ne changeait pas, et que les Services, ou ce que nous comprenons d'habitude par Services, se trouvaient dedans. Il faut rester dans les clous, et ça dépend de ce qu’ils entendent par ces clous. Bref, d’un paradis à l’autre.
La petite lumière, à cette fin d’année, vient de mon fils qui aura un nouveau poste et une nouvelle position, passant ainsi deux grades au-dessus. A 38 ans, il est LCB, Director Business Development UPS Enterprise Customs Brokerage. "Je suis enchanté", me dit-il au téléphone, à son retour d'une réunion au siège central de la compagnie, à Atlanta. Je pense qu'il faut avoir beaucoup de motivation et de passion pour pouvoir exprimer cela à propos d'un travail impliquant des responsabilités importantes et des déplacements. Quand j’ai commencé mon chemin français, sans lequel il n’aurait pas eu son chemin américain, il avait dix ans. Pourtant, je suis triste, et c’est normal. Je laisse ces mots appartenant à l’actrice roumaine Oana Pellea résumer où en est la Roumanie après vingt-huit ans:
« Ils nous menacent de nouveau, nous n’aurons pas de chauffage… : je me réjouis du désastre, que ce pays tombe en ruine, car c’est ce que nous méritons. Nous méritons ce qui nous arrive. Je le dis avec toute ma douleur... Nous n’avons pas un plan pour le budget, pas de projet pour le pays, pas d’éducation, pas de système de santé, pas d’opposition capable de se réunir pour le bien de ce pays, pas d'avenir... Nous n’avons que des taxes, des discours mensongers, des voleurs, des politiciens mis en examen qui luttent pour sauver leur peau. Restez chez vous, braves gens, et attendez que Dieu vous vienne en aide. Ils ont fusillé Ceausescu le jour de Noël. Le dos au mur, nous acceptons qu’on nous vole la vie. Et nous achetons les brioches de Noël pour nos propres obsèques.»
Joyeux Noël ! Bonne Année 2019 !
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