Pas d'accueil à la hâte
13/05/2012
Une alerte google m'envoie cet article: Zagreb est une fête, qui parle de la très proche adhésion de la Croatie à l'UE. L'auteur est un énarque, ancien professeur à l'Institut d'Etudes politiques, auteur de divers ouvrages, donc un intellectuel dont le travail consiste à expliquer les mécanismes administratifs et politiques de notre époque. Le point de vue y est positif, à savoir, il est "pour"- ce qui est d'ailleurs annoncé dans le titre. Pour pouvoir ressentir de l'enthousiasme à l'égard d'un prochain élargissement de l'UE, il vaut mieux être un intellectuel de ce bord -là, et être situé précisément à cette distance-là. Sinon, on entre dans la logique "occupy".
J'ai retrouvé dans ce passage une réflexion qui m'est familière:
"(...) les Croates, loin de s’extasier de leur accession à l’Union européenne, l’estiment normale, un dû historique, m’a dit le philosophe Predrag Matvejevic : les Croates ne sont pas entrés en Europe, ils ont le sentiment d’y être retournés. Certains s’offusquent de ce qu’ils aient dû attendre leur tour, après la Bulgarie et la Roumanie. En vérité, les bureaucrates de la Commission européenne se sont montrés plus exigeants envers la Croatie, vérifiant la conformité de ses lois et institutions aux normes européennes, parce qu’il s’est avéré que la Roumanie et la Bulgarie furent accueillies à la hâte, avant que cette mise aux normes fut achevée."
Justement, "accueillies à la hâte", d'accord, mais après? Entre les laisser à leur autonomie nationale (la gestion des fonds européens, par exemple, lorsqu'on sait bien..), et veiller à ce que les outils du feed-back fonctionnent de façon authentique, et non purement bureaucratique - sur l'échelle des responsabilités le curseur s'est bloqué trop souvent.
Le plus inquiétant pour tout le monde (y compris pour les US, qui voient chez eux la croissance repartir et le chômage baisser, pas énormément, mais constamment, de quelques points chaque trimestre), c'est que l'Europe ne donne aucun signe, mais aucun, qu'elle va sortir de sa paralysie (abstraction faite de réunions, visites et sommets confondus). En regardant ce matin les indignés dans les rues d'Espagne, je me dis qu'ils sont sûrement moins nombreux que les institutionnels qu'ils contestent (lesquels, eux, ne sont pas dans les rues..).
Dans un pays que je ne nommerai pas (mais aussi dans quelques autres, dont celui par qui aujourd'hui le scandale arrive), les puissants locaux (les barons) font pression pour imposer leurs hommes dans différents postes décisionnels -c'est une coutume immémoriale, calquée plus ou moins sur la démocratie (d'où les faux diplômes ou les CV fabriqués, que les fouineurs découvrent parfois). Le critère politique est plus fort que toute compétence professionnelle. C'est sans doute grâce à cette règle de base que, dans un pays que je ne nommerai pas (mais aussi dans quelques autres..), on est arrivé à reconnaître, simplement et presque sans complexes, que l'Etat vole le citoyen, qui a son tour vole l'Etat, et que les citoyens se volent les uns les autres, dès que l'occasion se présente.
P-S. Ce mois-ci, dans quelques jours, ce sera mon anniversaire (j'espère me trouver en Roumanie pour ce jour-là). Je le passe sous silence, ou je choisis une chanson? Je choisis une chanson: Vaya con Dios - Don't Break My Heart (HQ audio) et une photo faite par mon Smart.
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