Eminescu
22/01/2009
Je viens de faire un voyage de quelques jours en Roumanie, et c'est là que j'ai pu suivre la transmission de la cérémonie d'investiture du président américain. C'est de là aussi que j'ai parlé au téléphone avec mon fils et lui ai dit de rester là où il se trouve, c'est-à-dire aux States, car la Roumanie sera la même, sinon pire, dans cinquante ans.. Je suis tombée au moment d'un scandale qui agitait la classe politique, plus exactement les clans politiques, suite auquel le tout récent ministre de l'intérieur et de l'administration avait donné sa démission. Celui qui est nommé maintenant est décrit dans la presse comme étant un personnage politique qui a fait fortune grâce à ses multiples fonctions publiques, y compris à des détournement de fonds européens (de toute façon, dans son ensemble, l'actuel gouvernement est le gouvernement des barons). Je suis tombée également au moment de la célébration des 159 ans de la naissance du poète national Mihai Eminescu.
Cet événement est quelque part polémique, une tendance actuelle voulant que la culture roumaine dépasse son passé pour s'aligner sur les valeurs euro-atlantiques de la modernité, une autre essayant de capitaliser l'héritage littéraire et politique du poète.
Il faut remarquer que la littérature roumaine est quasiment une inconnue dans le patrimoine universel. C'est le destin d'une langue confinée dans un espace entre l'Occident et l'Orient, et parlée uniquement par son peuple, lequel à travers son histoire a été préoccupé par se défendre, survivre, se débrouiller, imiter..Mais c'est aussi le destin d'un peuple qui n'a pas trop su comment présenter ses valeurs - soit il les a étouffées, soit il a péché par nationalisme stérile. Un intéressant article parle de l'activité de journaliste du poète et de ses attitudes courageuses et dérangeantes dans le contexte politique de l'époque, et qui expliqueraient sa fin tragique ( "Adevarul despre Eminescu..." dans le journal Curentul (www.curentul.ro). Je crois qu'il existe une vérité qui crève les yeux: quelque chose de très profondément enraciné chez nos dirigeants, chez nos politiques était pareil en 1880 comme en 2009, appelons ce quelque chose corruption, imposture, mauvaise foi, opportunisme, etc. "Le mal essentiel qui ronge la vitalité de notre peuple, c'est la démagogie" écrivait Eminescu.
P.S. Mon voyage en images sur http://myshots.hautetfort.com (cliquer sur voyage et commencer par les photos d'en bas), et pour faire passer un arrière -goût, cette chanson qui me plaît et qui m'a accompagnée, elle aussi, sur le minuscule GoGear- Jehro_Sweet.
Les commentaires sont fermés.