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01/12/2013

La justesse, la justice

justice sociale,livre,pauvreté,étude,éducation,imposture financièreJe viens d'écrire dans une lettre que je suis révoltée parce qu'il n'y a pas de justice sociale, mais que la solidarité dans la misère me révolte encore davantage. Au lieu d'avoir des moyens dignes pour faire quelque chose de leur unique et précieuse vie, les gens sont obligés de se contenter d'une boîte de conserve, d'une soupe, d'un sourire (ah, le cliché de "de la chaleur humaine" cher aux associations d'entraide), d'un dispositif de quatre sous, tout cela les tuant à petit feu...Car, entre réussir et rester au bord de la route, il y a des degrés, quoi qu'en pense Monsieur Boris Johnson. En plus, ce QI-là n'aura aucune chance d'évoluer si la tradition remplace l'éducation authentique, par exemple..

Il y a plus pervers, comme effet: l'organisation de la misère et de la pauvreté à échelle mondiale, en tant que business. On fabrique de la pauvreté, tout comme, dans le marketing pharmaceutique, on fabrique des maladies pour vendre des médicaments en mettant trop l'accent sur la médecine préventive et le traitement, quand il est évident que la violence et la pauvreté sont les premiers facteurs qui détériorent la santé. L'industrie pharmaceutique est à l’heure actuelle l’une des plus performantes et des plus profitables de la planète, avec une valeur boursière globale estimée à 1600 milliards dollars en 2012  (Big Pharma). 

On peut toujours opposer que la pauvreté /la précarité préoccupent les consciences des dirigeants, des organisations. Je ne suis pas sûre que la bonne solution soit envisagée, puisque celle que l'on voit consiste, en définitive, dans la gestion du bétail (désolée pour le terme, mais il est douloureusement approprié, et les exemples abondent..). Le contraire? Au moins deux aspects, que l'on a l'habitude de noyer dans des discours fleuve démagogiques: le premier, ce serait l'éducation, la vraie, sous toutes ses formes (scolarisation, formation). Le deuxième, ce serait  la fin de l'imposture financière, sous toutes ses formes (salaires ahurissants de dizaines de millions de dollars par an, aucune limite à ce que les actionnaires d'une société anonyme peuvent gagner.., l'évasion et la fraude que l'on doit faire endosser à d'autres). On peut toujours élaborer des rapports, des études, des statistiques sur la question et en arriver à des évaluations correctes et parlantes. Sauf que ces rapports, études, etc., qui nous informent représentent un travail théorique (souvent confortable et bien loin de la réalité du vécu), au mieux, un constat. Ils n'impliquent pas un remède, et encore moins une décision pour le changement. Ils font fonctionner le monde (parfois feutré) des idées, et nourrissent les politiques. 

22/10/2013

Entreprendre

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Update 22. Une page Facebook pour Cefro vient de voir le jour (facebook.com/cefro). Elle est en anglais, afin d'être plus visible, et  elle a besoin de vos Like. Merci beaucoup! 

 

                                           ***

Publié le 14 Octobre. C'est pour le cadre du miroir que j'ai fait la photo, il y a quelques jours.

En 2006, j'écrivais cette lettre ouverte, que j'envoyais aussi à son destinataire (pensez-vous que celui-ci ait daigné faire un simple reply?). Sept ans après (et la soi-disant crise entre temps), je la relis, et le présent m'apparaît identique. Sauf que depuis (pour le côté personnel), ma mère est décédée, j'ai vendu son appartement en Roumanie, et avec même pas trois dizaines de milliers d'euros, je me suis payé deux voyages aux States (ce qui est la moindre des choses, mon fils s'étant expatrié là-bas), et surtout j'ai pris le risque d'entreprendre en France, en créant CEFRO. Quand on sait qu'une entreprise créée ne va pas au-delà de trois ans (les deux premières années elle peut être exonérée de quelques charges  - véritable miroir aux alouettes), j'ai tenu voici 5 ans déjà. Le problème, c'est que j'y tiens toujours (à CEFRO, et à ses projets).

Je suis très touchée lorsque mon fils m'encourage, en me disant que si je voulais, je pourrais tout laisser, et aller vivre aux States (puisqu'il est Américain), mais surtout lorsqu'il me rassure que je donnerais des cours à l'université là-bas, par exemple.. Il ne m'a jamais dit de mettre une annonce chez le boulanger pour trouver du travail, ni de m'occuper d'une dame âgée. Certains amis français s'empressent à vous le suggérer de (leur) bon coeur, c'est pour cela qu'il est bien préférable de ne pas les avoir. Non, ce qu'ils veulent dire, malgré eux, c'est que vous restez une étrangère, et donc...Remarquez, quand j'ai pris la décision de ne plus l'être, et que je l'ai mise en pratique, après avoir longuement réfléchi au bilan de mes dures réalisations ici, la réponse a été que je n'avais pas assez de ressources financières.. Bon, maintenant, même si j'avais un million, je ne le referais pas. Mieux encore, je veux oublier de l'avoir fait. Heureusement, je suis résiliente (c'est une vraie qualité de leader, comme je l'explique dans mon cours). 

 P-S. "C dans l'air", pendant que je travaille, je jette un regard à l'écran (j'ai coupé le son): "Si l'Amérique craque...". Pas la peine de mettre le son.. La France qui se soucie de l'Amérique.. 

 

 

 

01/08/2013

23 ans...

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 (Mes photos: le jardin derrière la Bibliothèque Romain Gary)

 

Autour des dates qui ont marqué un événement crucial dans notre vie, notre mémoire nous offre un coffret-cadeau contenant le meilleur et le pire, pas forcément dans l'ordre chronologique, mais plutôt sous la forme d'un puzzle spécial. A chaque fois, le plus de recul nous fait reconstituer un tableau quelque peu différent, vu sous un autre angle. Exactement comme dans l'art du recadrage. Watzlawick résume très bien: "la transformation porte sur ce qui arrive, et non sur son pourquoi" (je suis entièrement d'accord, puisque je n'ai jamais été une fanatique de Freud..).

Donc, 23 ans aujourd'hui, depuis que j'ai mis les pieds ici, à Nice - et je n'ai pas trop voyagé ailleurs, en France. Pourtant, il paraît que c'est un beau pays... Je n'étais pas venue en touriste, et en général, il me faut une bonne raison, autre que le tourisme, pour aller quelque part. Alors, de quoi a-t-il l'air, mon tableau, en ce jour anniversaire? J'ai relu les trois notes plus loin (dans cet ordre), et le commentaire de "Marie" m'a fait sourire: cette arrogance typique, mais à l'air inoffensif, puisque servie comme "esprit critique", et que je sais décoder parfaitement maintenant, ne me fait plus rien. Ni l'incompréhension des réalités roumaines, ni l'antiaméricanisme sous-entendu, ni le désir dissimulé de vous forcer à un aveu d'amour inconditionnel envers la France -qu'importe si celle-ci vous reconnaît ou non..

C'est pourquoi, je n'ai jamais effacé ce commentaire. Après tout, il est la preuve que j'ai vu juste, et que j'ai choisi ce qu'il fallait. C'était en 2005, bien avant l'entrée de la Roumanie dans l'UE, et si j'avais été naturalisée, peut-être que Claudiu aurait eu le titre de séjour lui permettant de s'égarer sur le marché de travail français, en enchaînant, au mieux, les cdd.. Le vrai tableau, c'est lui.. En juin dernier, pour mon anniversaire, Ketric m'a envoyé quelques mots simples, qui m'ont réconfortée de ces 23 années de vie passées dans "l'enfer n°2" ("l'enfer n°1", justement, j'en sortais  -enfin, imaginons les cercles dantesques adaptés à notre époque...): 

"I hope you know how much you and D. mean to me, and I hope you know that I am happy we are family. Thank you for giving Claudiu the opportunity to explore the world; I am always thankful he came to Charleston where our paths merged. Rowen is a gift from God! I wish you a wonderful day! " 

C'est pourquoi, je vais poster de nouveau cette chanson country "portée par un beau chapeau": http://youtu.be/wb4n7dnW4nA

 

 

 

http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2005/05/03...

 

http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2005/05/06... 

 

 http://elargissement-ro.hautetfort.com/archive/2011/01/18...

 
 

11/07/2013

Le goût des livres ou "Your place to be...the library!"

Bibliothèque, Greenville, éducation, lecture, roumanie, Rowen

Update 12. Hier soir, au NJF, pour réécouter Maceo Parker. Son show était à 22:30, j'ai pris quelques images en arrivant, car mon Smart ne travaille que de jour..003.mp4

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Entre lire un livre et voir un film, il y a une différence. Lire permet de développer  l'imagination,  la sensibilité,  l'affectivité, grâce aux représentations que les mots peuvent véhiculer, et à l'effort individuel que cela implique, alors que l'image, qui est percutante, n'offre pas de distance, ni de délai de traitement, elle s'impose telle quelle. Bien sûr, votre cerveau en fait toujours quelque chose, car l'image a forcément un impact sur vous (même si vous la refusez, et que vous détournez les yeux, la fraction de seconde a rempli sa tâche). Dans la civilisation actuelle, le pouvoir de l'image est  fondamental, et c'est lui qui mène le monde. Consommer les images toutes faites est en corrélation avec la perception du temps qui, en plus de passer (communément parlant..), presse. Mais c'est aussi corrélé avec l'effet immédiat. Lire demande du temps, un retrait en soi-même, un certain isolement du brouhaha extérieur afin de pouvoir plonger dans un univers, de partir en voyage, de rencontrer des personnes, d'être témoin de destins et d'actions..J'aime toujours cette phrase de Wellek et Warren dans leur Théorie de la littérature: on ne peut dire que Hamlet ait existé, et on ne peut dire qu'il n'ait pas existé. L'invitation de Flaubert: "ne lisez pas comme les enfants lisent, pour vous amuser, ni comme les ambitieux lisent, pour vous instruire. A non, lisez pour vivre", rejoint la réflexion de Bernard de Clairvaux, quelques siècles plus tôt, à propos de ces clercs dont certains étudient pour vendre leurs connaissances ("commerce honteux"), d'autres pour instruire leur prochain ("charité"), mais aussi, plus rares ceux-là, pour s'édifier eux-mêmes ("prudence"). Tout compte fait,  j'ai davantage confiance en ceux qui aiment lire, et qui lisent, car ils sont plus à même de comprendre ce qu'il leur arrive, et ce qu'il arrive aux autres. Lire m'apparaît comme un gage d'humanité (enfin, plutôt savoir lire), de capacité de concentration, prometteuse d'une nécessaire rigueur de l'esprit. Je crois aussi que notre temps s'est indubitablement accéléré, et qu'il est précieux (pensez au temps chez Kafka, chez Tchekhov...), et que, bien l'investir, c'est important. C'est pourquoi, il faut choisir soigneusement les livres, les films, les programmes..Il y en a qui volent votre temps,  ou qui vous sont carrément  nuisibles, à moins que vous ne soyez extrêmement ouvert, par générosité, snobisme ou intérêt (pour en rester là..) à l'égard des multiples expériences esthétiques qui viennent se proposer à vous, et dont le seul mérite serait celui d'avoir été financées. C'est un peu comme penser que le fait d'être né plus tard soit un mérite personnel..

Je me souviens qu'à une époque, à l'Est, on n'avait que deux heures de programme à la télévision, et celui-ci consistait en Journal d'informations (soi-disant..) et en chants patriotiques (ça doit être valable encore pour les Nord-Coréens). Faute d'autre option, tout le monde lisait (de la vraie littérature, philosophie, je vous assure). Aujourd'hui, il vous faut beaucoup de vigilance pour éviter de vous faire voler. Si vous êtes un adulte responsable et doué de discernement, vous vous en sortez, mais le jeune public, il faudra en prendre grand soin. Je peux me considérer heureuse de l'avoir bien fait en Roumanie pour mon fils, qui le fait à son tour, là où il vit. C'est ce qui me console de la trop grande distance dans l'espace. La petite Rowen Valentina, six ans,  vient de recevoir de la part de la Bibliothèque municipale de Greenville sa première carte de lectrice. Mais, en dehors de la dimension personnelle de l'événement, j'ai apprécié objectivement la manière dont cela pouvait se présenter là-bas. 

J'ai demandé la permission de  reproduire ici la lettre que Rowen avait reçue, juste pour vous inviter à visiter cette belle bibliothèque (où j'ai eu l'occasion d'aller aussi), et la section pour enfants. On peut accéder au joli site, comme c'est indiqué, mais voici le lien des photos (Rowen est le numéro 14, elle a un serre-tête bleu et elle est toute souriante). http://www.flickr.com//photos/gclskidspics/show/ 

"Dear Rowen,

We just wanted to tell you how happy we are here at the Hughes Main Library that you decided to get your first library card. Your card will make it possible for you to borrow books, movies, music, and much more.

 To see your photo, please go to our website at www.greenvillelibrary.org. Click on Kids (at the top of the page). Click on Events. Click on Check out our Flickr page! Here you will see First Library Card photos, including yours, and other pictures from the Greenville County Library System’s children’s programs.

 Thanks for visiting your library, and we hope to see you again soon.

 Sincerely,

Miss G.,Youth Services Specialist, Greenville County Library System, 25 Heritage Green Place, Greenville, SC  29601-2034", 864-527-9280, www.greenvillelibrary.org

Your place to be...the library! "

P.-S. Rowen adore Pippi Longstocking, ses parents lui lisent des chapitres, mais souvent elle lit elle-même  http://en.wikipedia.org/wiki/Pippi_Longstocking